Une loi de Finances sans envergure

Le projet de loi de Finances pour l’année 2006 ne tranche pas vraiment avec les précédents. Certes, il y a des changements, mais ils ne sont pas assez consistants pour s’attaquer aux vrais problèmes. Nous restons en effet sur des objectifs de croissance trop timorés pour absorber l’augmentation de la population active.
Depuis plusieurs années, tout le monde sait qu’un taux de croissance annuel de 6% est un minimum, sans lequel les pressions sociales et le chômage atteindraient des niveaux insupportables. Pour 2005, on atteindra peut-être Â… 1,8% et pour 2006, on aspire à Â… 5,4%. C’est-à-dire une moyenne de 3,6% sur les deux années.
Tout cela manque de dessein. Et tout cela ne semble guère affecter les argentiers du gouvernement, engoncés dans des préoccupations comptables. Le déficit budgétaire réel tourne autour de 6% depuis plusieurs années, la dette intérieure flambe, les chiffres sont en quelque sorte déguisés, en tous les cas masqués. On sait où sont les vrais problèmes mais on fait pas mal de cosmétique.
On nous dit, par exemple, que le budget d’investissement pour 2006 sera de 21 milliards de DH, mais le gouvernement servira en même temps 12 milliards de DH de subventions !!! (voir également p.8)
Cette situation reflète au final un problème de gouvernance. On connaît les problèmes, mais on ne les attaque pas tant que ce n’est pas urgentissime, on regarde la dernière ligne du bilan, le Premier ministre a effectué lui-même la plupart des arbitrages sectoriels, coupant par ci, rognant par là. Cela ne peut plus continuer.