Gribouillis périlleux

Après coup de Mr. Et-Tayeb Houdaifa.
Après avoir fait emplette de médicaments prescrits par son médecin attitré, cette patiente se disposait à en ingurgiter quelques-uns. Heureusement qu’elle prît soin, selon une vieille habitude, de consulter les notices les accompagnant. L’une d’elles faillit lui provoquer une attaque d’apoplexie. Elle indiquait que le remède contenait de l’aspirine. Or, l’organisme de la dame était en incompatibilité d’humeur avec cet analgésique. Chose qui n’échappait pas, pourtant, à la connaissance de son docteur. C’est ce qui attisa la fureur de la souffrante. A son tour, le praticien, qui n’avait rien d’un docteur Knock, ne décoléra pas sur l’étourderie du pharmacien. Ce dernier aurait substitué le médicament inapproprié à celui figurant sur l’ordonnance. L’accusé ne fit pas que se défendre, il se constitua procureur contre ces esculapes qui empoisonnent la vie des braves apothicaires par leurs gribouillis indéchiffrables. Il avait mal lu le nom du médicament parce qu’il était tout bonnement illisible. Toutes les ordonnances le sont pour le commun des mortels. Non que leurs auteurs écrivent mal, mais parce qu’ils se plaisent à tracer des caractères sibyllins dont seuls les membres de leur confrérie possèdent réellement le secret. Même les pharmaciens, malgré une longue pratique, s’y trompent parfois. Il faut savoir que cette manie entraîne des erreurs lourdes de conséquences, évaluées par l’hebdomadaire suisse «Sonntag», pour la seule Helvétie, à 7 millions d’euros par an. Molière, au secours !