Brouillés avec les chiffres

déclarations contradictoires
Le Maroc est décidément brouillé avec les chiffres. Dernière information livrée par la CNSS : en 2004, l’emploi a augmenté de 8% dans le secteur textile. L’information est rassurante certes mais en complète contradiction avec les 95 000 emplois perdus au cours de la même période et dans le même secteur, selon le Haut Commissariat au plan.
Etonnant ! Mais ce n’est pas tout. Les textiliens ne disaient-ils pas eux-mêmes il y a quelques jours que la situation était plus catastrophique qu’on ne le pensait et que leurs exportations avaient baissé de 30% et non pas 14% comme le disaient les statistiques ? Pas plus tard que lundi 23 mai, le premier ministre a livré lui-même un autre chiffre : à fin avril, les exportations du secteur sont en baisse de 2% seulement par rapport à la même période de l’année dernière, ce qui suppose que ces mêmes exportations ont dû, théoriquement, exploser au mois d’avril pour rattraper le retard des 14%. Décidément, les analystes ne savent plus où donner de la tête. Et ils ne sont pas les seuls, puisque le gouvernement lui-même semble parfois dépassé par les événements. Le premier ministre aime à raconter l’anecdote des 500 000 mendiants marocains selon les estimations d’une association. Une information qui a été reprise par la télévision avant que la presse ne s’en empare. Faux, rétorque Jettou, «500 000 mendiants au Maroc, cela veut dire 60 000 environ à Casablanca qui abrite 12% de la population nationale. A Casablanca, il y a environ 1000 feux de signalisation et donc on devrait avoir en moyenne 60 mendiants à chaque feu rouge». Certes le calcul est quelque peu grossier. Mais pour en avoir le cœur net, il a demandé une véritable enquête qui a révélé qu’il y avait 6 500 mendiants à Casablanca. Donc, par extrapolation, 54 000 mendiants au Maroc.
Ahmed Lahlimi, le Haut commissaire au Plan, a des points de vue divergents avec le gouvernement.