Vive l’audace !

La fusion avec le groupe Wafabank n’est pas une sinécure. Avant de
pouvoir mordre dans le gâteau, il faudra surmonter plusieurs problèmes
et le risque d’échec n’est pas nul.

Il y a plusieurs manières de lire la prise de contrôle du groupe Wafabank par la BCM. La plus élégante et la plus proche de la réalité consiste à donner un coup de chapeau à l’audace et à l’esprit d’entreprise qui ont été à la base de cette décision.
Pour la BCM et ses maisons mères ONA et SNI, fusionner avec le groupe Wafabank n’est pas une sinécure. Il ne s’agit pas d’un gâteau sur lequel ils ont mis la main, ni d’une machine à sous. Car les difficultés sont nombreuses : voici deux cultures différentes, à partir desquelles il faut créer un nouvel ensemble opérationnel dans un laps de temps raisonnable ; ni trop vite (on risque de commettre des erreurs) ni trop lentement (on risque de perdre la nouvelle dynamique et de voir l’anxiété de l’avenir démobiliser le personnel). Les problèmes à résoudre sont nombreux : organisation, synergies, personnel, agences, marques, filiales, doublons, etc. Bref, avant de pouvoir mordre dans le gâteau, il faut surmonter de nombreux problèmes et le risque d’échec n’est pas nul. En un mot, la prise de contrôle de Wafabank est un début (d’un processus) et non pas une fin.
C’est pour cela que cette opération mérite d’être saluée : ses initiateurs n’ont pas reculé devant la difficulté et ont mesuré le risque d’échec. C’est une audace calculée qui est la marque des vrais entrepreneurs et le Maroc en a bien besoin.
Les progrès décisifs, structurants, d’une économie, d’une culture, d’une nation se font par des entrepreneurs, c’est-à-dire des gens qui ont un projet (économique, culturel, politique, de société) et qui entreprennent de le réaliser malgré les difficultés. Ce sont des dissidents dans le sens noble du terme. Des personnes qui rompent avec un ordre établi et qui entreprennent de le faire évoluer.
Avec les clarifications qui ont été opérées dans la géographie de son capital, avec la personnalité certainement audacieuse de ses nouveaux dirigeants, l’ensemble SNI-ONA semble devoir mieux jouer le rôle de locomotive nationale auquel il aspire.
Le Maroc a besoin de plusieurs groupes qui font preuve du même dynamisme ; et il a besoin de champions nationaux dans tous les secteurs, pas seulement la finance ; des entreprises solides, de taille internationale ou régionale, capables de s’exporter ; Telefonica ou la Lyonnaise des Eaux n’ont pas commencé autrement. Tout pays a besoin de locomotives et toute locomotive a besoin d’un bon pilote. Le secret des grandes réussites n’est pas ailleurs.