Une chance à  saisir

Jamais nos chances d’accéder à l’organisation d’une
Coupe du Monde n’ont été aussi grandes.
Jamais, malheureusement, l’indifférence populaire et le septicisme
n’ont été aussi élevés.

Dans quelques jours, le Maroc passera le test de la visite des inspecteurs de la FIFA. Un examen crucial. Il ne s’agit ni plus ni moins que de l’organisation d’une Coupe du monde de football.
Les enjeux de ce défi dépassent de loin l’aspect sportif et ludique de la chose. Abriter un tel événement, c’est accueillir pendant un mois des millions de touristes en augmentant de manière substantielle ce taux de retour qui nous fait défaut, c’est créer de manière induite des milliers d’emplois, c’est donner un sérieux coup de pouce à la réalisation des infrastructures d’accompagnement (autoroutes, hôtels, réseaux télécoms…), et c’est surtout un facteur de prestige pour le pays, qui se voit ainsi valorisé aux yeux de milliards de téléspectateurs.
En somme, un pays qui organise une Coupe du monde bénéficie d’une bonne image : un pays sûr, développé, bien équipé et suffisamment «civilisé». Cette image-là, nous en avons besoin et cette chance est à saisir.
Cette fois-ci, et après trois tentatives infructueuses, nous avons mis suffisamment d’atouts de notre côté pour avoir des chances réelles. Un dossier technique assorti d’engagements de l’Etat et une démarche plus professionnelle.
Les sceptiques diront toujours que le problème des stades reste notre talon d’Achille. A ceux-là, une simple question peut être opposée : comment justifier le fait que pour l’organisation de la Coupe du monde de 1994, le Maroc ait perdu de justesse contre les Etats-Unis et que, pour un Mondial devant avoir lieu en 2006, il n’ait même pas dépassé le stade du premier tour, avec un dossier sensiblement meilleur ?
Si le volet technique est fondamental, il n’est pas, pour autant, un gage de réussite. Le lobbying et les relations publiques restent le moteur du succès. En cela aussi, le Maroc a fait ce qu’il fallait en engageant les compétences nécessaires. Mais il est un facteur que l’on semble oublier à l’heure où, pour la première fois, nous avons le plus de chances d’abriter cette grande manifestation : la mobilisation. Comment prétendre réussir une action si l’on n’y croit pas ? Comment faire croire que le Maroc en veut si ses fils déclarent à tout bout de champ que le combat est perdu d’avance ?
Ce pessimisme naturel que nous développons, cette propension masochiste à faire de soi-même un perdant doivent disparaître. Pour une cause nationale, on se mobilise