Nous méritons mieux…
Au début des années 2000, lors de l’élaboration de la Vision 2010 pour le tourisme, et quand les décideurs de l’époque avaient annoncé l’objectif des 10 millions de touristes, beaucoup n’y ont pas cru, d’autres ont qualifié la vision de rêve et certains encore ont mis cette annonce sur le compte de la démagogie «politicienne».
Pourtant, en 2010, bien qu’on n’avait pas encore atteint les fameux 10 millions, on n’en était pas bien loin. Mais le plus important est que le Maroc avait pu entre-temps plus que doubler le nombre de ses touristes. Ce qui est un exploit.
Or, au moment où la Vision 2010 fut conçue et mise en œuvre, il restait pratiquement tout à faire : des infrastructures d’accueil à construire, des hôtels à mettre à niveau, une promotion à inventer, des réseaux à tisser…
En 2012 et 2013, la conjoncture mondiale et régionale était exceptionnellement mauvaise depuis 2011. La crise sévissait en Europe et les pays arabes de la rive Sud de la Méditerranée vivaient dans le chaos, et malgré tout cela, la barre des 10 millions de touristes a été franchie. Le rêve était donc bien réalisable. Au passage, le secteur touristique dans notre pays a lui aussi fait sa révolution, s’est adapté à la crise, a fait preuve d’inventivité, ce qui lui a permis de faire preuve de résilience même si, en 2015, on est redescendu légèrement sous la barre des 10 millions de touristes.
Entre-temps aussi, les capacités d’accueil du pays ne sont plus ce qu’elles étaient il y a plus de dix ans et les opérateurs touristiques nationaux ont acquis du savoir-faire. Or, paradoxalement, alors qu’on ne part pas de rien comme en 2001, nos responsables du tourisme semblent aujourd’hui rester sur des objectifs plutôt modestes, pour ne pas dire minimalistes.
Pour les deux prochaines années, l’ONMT semble s’être fixé comme objectif principal de ramener 1,5 million de touristes de plus. C’est tout ! Que faut-il en penser quand on sait qu’un pays comme l’Egypte qui, en 2013, a accueilli quelque 8millions de touristes, et avec tous les problèmes qu’il a, se fixe pour objectif dans le même horizon que nous de drainer 15 millions de touristes et ambitionne, ou rêve, d’atteindre la barre des 30 millions en 2020? Que faut-il penser quand on sait qu’un marché comme la Chine à lui seul représentera dans les années à venir plus de 200 millions de touristes qui ne demandent qu’à consommer et à se dépayser? Le 1,5 million de touristes de plus que nos décideurs se sont fixé comme objectif représente à peine 0,75% de part du marché chinois. Si c’est cela notre ambition…