Le vent du changement
Le départ de Mohamed Elyazghi, s’il ne résout
pas les problèmes
de l’USFP, devrait décrisper les tensions
au sein du parti, tant
le premier secrétaire a cristallisé tous les travers de son fonctionnement.
Mohamed Elyazghi, premier secrétaire de l’USFP, a démissionné de son poste et gelé ses activités au sein du bureau politique du parti. Même s’il faudra attendre la tenue du conseil national pour que la décision devienne effective, il est plus que probable qu’une page sera tournée. Cette situation appelle de notre part quelques remarques :
– Si M. Elyazghi assume, de par sa fonction, mais également dans les faits, la responsabilité de l’échec et de la crise qui affectent l’USFP, il ne doit pas être le seul à porter le chapeau. Bureau politique et conseil national ont également un mea culpa à faire. Celui d’avoir implicitement encouragé la manière dont le parti a été géré, pour les uns, et de ne pas avoir opposé suffisamment de résistance, pour les autres. Il y a des ajustements à faire dans les prérogatives de gestion du parti.
– Le départ de M. Elyazghi, s’il ne résout pas les problèmes de l’USFP, et pose la question de sa succession, devrait certainement décrisper les tensions au sein de l’USFP, tant le premier secrétaire a cristallisé autour de sa personne tous les travers du fonctionnement. Une réorganisation intelligente, un mix entre hommes clés du changement, que la base perçoit comme tels, et ceux qui ont une légitimité historique permettrait d’éviter le scénario des règlements de compte. Ce n’est pas parce que l’on appartient au clan Elyazghi que l’on est hors-jeu.
– A toute chose malheur est bon. L’USFP doit profiter de l’opportunité de renouveau qui s’offre à elle et reconsidérer le sens de sa stratégie de soutien critique au gouvernement, décidée dans le feu du malaise qui a accompagné la formation du gouvernement. Autant il est sain et même vital que le parti défende des idées porteuses de sens, comme ce fut le cas pour la Loi de finances, autant il est incohérent que l’USFP menace de ne pas voter parce que ses amendements n’ont pas été pris en compte.
– M. Elayzghi a été nommé comme ministre d’Etat sur la base de son titre de premier secrétaire et en compensation de ce «poids politique» dont l’USFP se prévaut. Maintenant qu’il devient simple militant, ou même membre du bureau politique, la logique voudrait qu’il présente sa démission du gouvernement. Si, au Maroc, la pratique veut qu’un ministre ne démissionne pas, des précédents existent et la Constitution n’interdit pas la démarche. Mieux, un tel geste s’inscrirait en droite ligne avec les revendications de l’USFP qui appelait, il y a deux mois, à un jeu institutionnel normalisé