Fermez le ban !
Une entreprise qui ne paie pas la CNSS pour ses employés cela relève du vol. Quand de plus on est un journal, au vol s’ajoute un manque de respect pour ces principes dont on se réclame
Nous avons toujours veillé au sein de ce support à défendre la liberté de la presse, à participer au débat avec des éléments concrets et des critiques adressées aussi bien à l’Etat, en tant que puissance publique, qu’à la profession, en tant que pourvoyeur d’information publique, susceptible d’avoir une influence sur une partie de l’opinion, et donc se devant d’être responsable, sans déroger à ses principes.
La presse est un élément essentiel de la démocratie et la disparition d’un support est toujours une perte pour cette démocratie que le Maroc essaie de se construire. Mais, que cette disparition serve d’argument pour crier au loup relève, parfois, de la malhonnêteté intellectuelle.
Le cas du Journal Hebdomadaire en est l’illustration. Les comptes de la société ont été saisis pour non-paiement d’impôts et de charges de sécurité sociale. Le premier motif, celui de la fraude fiscale, renvoie à un détournement de ressources dues à la collectivité. L’entreprise de presse n’est pas la seule dans ce cas ? Certes, mais, d’une part, les autres redressés, eux, n’ont pas invoqué un complot et, d’autre part, ils ont payé leur dû.
Le deuxième motif est celui du non-paiement des charges sociales au profit des employés. Pour en avoir personnellement fait partie pendant une courte période, et avoir découvert par la suite que mes cotisations n’avaient pas été versées, je peux dire que ça fait mal de se sentir floué. Comment définir le fait qu’une entreprise vous prélève 25% de votre salaire brut sans vous faire profiter d’une couverture sociale ? C’est du vol et cela relève du pénal.
Victime Le Journal Hebdomadaire? Non, être une entreprise de presse, c’est d’abord être une entreprise. En tant que telle, le minimum est de respecter ses propres employés, s’acquitter des droits dus à celles et ceux qui travaillent chaque jour pour que le produit soit fabriqué. En ce sens, et à ceux qui mettent en avant le timing de la saisie, posons une question toute simple : si elle devait intervenir d’ici un an, le résultat n’aurait-il pas été le même ? Le Journal ne se serait-il pas posé tout autant en victime ? En France, plusieurs journaux ont disparu pour non-paiement de leur dû. Personne n’y a rien trouvé à redire, c’est la vie des entreprises.
Ensuite, être une entreprise de presse c’est être irréprochable, surtout quand on se complaît, à longueur de colonnes, à donner des leçons de gouvernance, à faire une fixation obsessionnelle, alors que l’on bafoue allégrement ces grands principes que l’on défend. Aujourd’hui, une entreprise de presse est morte, c’est triste. Une entreprise a triché, elle en paie le prix et meurt. Fermez le ban !