Exception ? Qui le sait ?

S’il est un mot d’ordre partagé par les manifestants du 20 février c’est bien la nature pacifique de la revendication. Or, à  l’étranger, les amalgames sont très vite faits et le Maroc n’a pas de plan de communication ordonné pour contrer cela.

C’était inévitable. Dans un contexte régional marqué par des changements de régimes, des troubles sociaux et des violences contre les personnes et les biens, l’image du Maroc ne pouvait pas rester intacte. Vu de loin, vu par ces touristes qui s’abreuvent en informations à la télé et sur internet, le Royaume est un pays arabe africain musulman. Nos lecteurs en auront peut-être de la peine, mais il existe même des natifs du pays qui ont reporté leur voyage ou tout simplement sont allés vers d’autres destinations au cours des vacances scolaires. Que dire alors des étrangers, de ceux qui ne sont encore jamais venus au Maroc ? Peut-on les en blâmer ? Non. Peut-on faire quelque chose ? Oui.

Les manifestations que le Maroc a connues le 20 février sont riches en enseignements. Malgré les actes de vandalisme perpétrés çà et là -et auxquels l’Etat a apporté une réponse très ferme-, le consensus général est de recourir à une revendication pacifique parce que l’on est conscient que l’objectif n’est pas de détruire mais de construire. Cette exception marocaine dont on parle est là et non pas dans cette image de pays parfait que nous voulons véhiculer. Nous avons nos problèmes et nous voulons les gérer de manière démocratique. Dimanche 6 mars, des manifestations sont également prévues et l’on peut se féliciter de voir que le mot d’ordre dans les réseaux sociaux est le pacifisme.

Mais cette exception dont nous sommes conscients, les autres pays le sont-ils ? Peu, trop peu. De fait, si les diplomaties étrangères savent mesurer le risque, le grand public, lui, ne trouve pas de relais de communication. Ni le gouvernement, ni le Parlement, ni les institutions en contact avec l’étranger n’ont pour l’instant mis en place un plan coordonné en la matière. On n’a pas vu de ministres ou de représentants de l’Etat se prononcer sur les plateaux de chaînes étrangères ou dans les colonnes de la presse dans le cadre d’une feuille de route où les rôles de chacun seraient répartis. Dans le jargon des affaires l’on dirait que le Maroc manque d’agressivité commerciale. Aujourd’hui c’est le tourisme qui accuse le coup, demain cela pourrait être des investissements étrangers qui seront mis en veilleuse en attendant d’y voir plus clair. Or, les troubles que connaît le monde arabe sont visiblement partis pour durer. Allons-nous rester les bras croisés ?