Sommet de Cancun sur le climat : dix jours de discussions pour rien
Les pays en développement toujours dans l’attente des 30 milliards de dollars promis à Copenhague il y a un an.
Pas d’accord contraignant sur les mesures à prendre pour limiter le réchauffement climatique.
Après l’échec cuisant de la 15e Conférence des parties (COP) qui s’est tenue à Copenhague en décembre 2009, les observateurs n’espèrent pas grand-chose des négociations de la 16e édition qui se tient depuis le 29 novembre à Cancun, sur la pointe Sud-Est du Mexique, où les négociateurs venant de 194 pays se sont réunis pour fixer les règles de l’après-Kyoto. Ce protocole, entré en vigueur en 2005, arrive à échéance fin 2012. «Les choses sont aujourd’hui plus claires», commente ironiquement Ali Agoumi, expert en changement climatique. «Ce n’est pas Cancun qui aboutira à un nouveau protocole international. Alors, en attendant, il faut se concentrer sur le présent. Et le présent, ce sont les catastrophes naturelles que connaissent de plus en plus de pays en développement. Pour y faire face, ces pays ont besoin de soutiens financiers», explique-t-il.
A Copenhague, les pays développés se sont engagés à verser 30 milliards de dollars à un futur fonds vert d’ici 2012 pour soutenir l’adaptation aux changements climatiques. Or, les pays en développement n’ont toujours pas vu l’ombre d’un centime. Pourtant, diverses sources de financement ont été avancées comme la taxation des transports maritimes et aériens internationaux ou le redéploiement des subventions aux énergies fossiles vers la lutte contre les changements climatiques.
Bien que la conclusion d’un accord global et contraignant soit pour l’instant hors de portée, le sommet de Cancun pourrait néanmoins progresser sur certains dossiers comme la lutte contre la déforestation, mais est-ce suffisant ? «Aujourd’hui, un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement préconise de limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C et non plus à 2°C, chiffre sur lequel se basaient les précédentes négociations. Or, pour ne pas dépasser + 1,5°C, il faut absolument que les émissions de gaz à effet de serre soient réduites avant 2015, et non plus 2020» , précise M. Agoumi. Et pendant ce temps, l’Organisation météorologique mondiale annonce que «les principaux gaz à effet de serre ont atteint leurs plus hauts niveaux jamais observés depuis l’époque préindustrielle» en 2009 et que l’année 2010 «se classe provisoirement au premier rang des années les plus chaudes». Prochain rendez-vous en décembre 2011 à Durban, en Afrique du Sud. D’ici là, les décideurs publics pourraient prendre conscience que l’heure des atermoiements est dépassée parce que d’ici là la nature aura encore subi des dégâts irréparables.