Situation financière, parts de marché, concurrenceÂ…, les confidences de Mohamed Elmandjra, DG de Méditel

L’opérateur revendique 15 000 clients entreprises sur le fixe et une part de 36,68 % sur le mobile.
Pour lui le fait de n’être adossé à aucun opérateur de renom n’est pas un handicap.
L’endettement de l’entreprise est passé de 7 à 5 milliards de DH.
«Jamais Méditel ne s’est portée aussi bien». Ces propos émanent de son DG Mohamed Elmandjra qui s’exprime, pour la première fois, depuis le changement intervenu dans l’actionnariat de l’opérateur, sur les résultats de l’entreprise qu’il dirige sur les différents segments, sa santé financière mais aussi la reconfiguration du secteur et quelques vecteurs porteurs de croissance.
Quand on lui oppose l’absence ou l’échec du deuxième opérateur sur le fixe, il a cette réponse : «Nous avons fait un choix stratégique en 2005 en limitant nos ambitions sur le résidentiel, mais pour autant, nous avons une place de choix sur le fixe adressé aux entreprises. Nous comptons quelque 15 000 clients sur ce créneau et sans vous dire ce que cela nous rapporte, j’affirme que nous sommes dans une progression de 30 % par an». Au passage, il signale que, sur l’année en cours, l’opérateur a fait «une percée historique en recrutant de la clientèle dans le secteur public, semi-public et même dans le secteur privé dont la grande partie nous échappait jusque-là».
Il est vrai que sur le fixe, même avec l’ouverture que permet le dégroupage, la marge de manœuvre reste limitée dans la mesure où, pour chaque ligne qui passe par l’infrastructure de l’opérateur historique, la location de la ligne de cuivre ou de la fibre optique est de 80 DH par mois.
Concernant internet 3G, M. Elmandjra revendique le choix de la technologie la plus avancée et qui assure des paliers de débits qui, aujourd’hui, commencent à 1,8 Mégabits/ seconde et pouvant atteindre 7,2 Mégabits/seconde. «Cela constitue une des grandes forces de Méditel et là aussi notre croissance sur les trois derniers trimestres est de l’ordre de 100 %», explique-t-il.
Il ajoute que, même si sur le créneau de l’internet 3G, le plus gros du parc de clients (autour de 500 000 clients aujourd’hui pour tous les opérateurs avec 18,38% pour Meditel) est dominé par le prépayé, c’est bien Méditel qui rafle le gros de la mise. Comment ? Tout simplement, selon le DG de Méditel qui se refuse là aussi à communiquer le moindre chiffre, parce que son entreprise dispose d’«un produit qui s’adresse à plusieurs catégories de personnes avec des débits différenciés et dimensionnés pour les besoins de chacune d’entre elles».
M. Elmandjra réfute même la thèse de l’aplatissement de la courbe de croissance du mobile (recul de 0,10 % au deuxième trimestre par rapport au premier).
«Depuis toujours, les parts de marché de Méditel ont oscillé entre 31 et 33 %. Les derniers chiffres de l’ANRT nous donne 36,68%, jamais nous n’avons atteint cette proportion. Pour le moment, je ne parle pas de régression de la demande», explique-t-il.
Démentant également les difficultés financières évoquées dans les milieux d’affaires, il souligne que, tout en maintenant un bon rythme d’investissement et d’équipement (24 milliards en 10 ans), l’entreprise a ramené à 5 milliards de DH sa dette qui était de 7 milliards.
L’adossement à un grand opérateur n’est pas indispensable
La question que tous les observateurs se posent est maintenant de savoir si Méditel, devenu un opérateur non adossé à un ténor qui pourrait lui apporter transfert et veille technologiques et lui ouvrir les portes de ses centrales d’achat pour atténuer ses dépenses, pourrait résister aux assauts de la concurrence.
Son DG n’exclut pas la possibilité de chercher de nouvelles alliances avec un opérateur de renom, mais soutient que toutes les centrales d’achat sont ouvertes à qui le veut contre une cotisation. Pour ce qui est du transfert de technologies, il affirme que cela était certainement nécessaire et incontournable au moment du lancement de l’activité, mais que Méditel est aujourd’hui un opérateur à part entière, il est en mesure de le faire par ses moyens propres ou à travers des partenariats de différents types.
Interrogé sur les offres futures, il insiste sur le fait que, pour l’heure, le marché national ne peut pas encore générer des offres globales (triple play, par exemple) à prix comparables avec l’Europe (un peu plus de 300 DH). Selon lui, il faudra attendre que le postpayé, qui représente aujourd’hui 3,14 % selon les derniers chiffres du régulateur, prenne le pas sur le prépayé.