PME : 200 patrons parlent de leurs besoins et de leurs soucis

Elles sont encore sous-capitalisées mais moins dépendantes du crédit.
Conscientes de l’apport des TIC et très peu investissent dans la R&D.
Les aides publiques insuffisamment exploitées ou mal connues.
Elles constituent près de 98% du tissu productif. Elles sont représentées dans presque tous les secteurs d’activité, mais leur contribution à la valeur ajoutée ne dépasse pas 20%, selon différentes études. Beaucoup moins selon la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) qui, dans son Livre blanc publié en 2008, la situe en dessous de 10%. Elles, ce sont les petites et moyennes entreprises (PME) dont la situation ne laisse aucun décideur, public et privé, indifférent. Nombre d’études sur ces structures ont été réalisées, des propositions formulées et des mesures de soutien mises en œuvre. Cependant, eu égard à la délicatesse du sujet, aucune contribution destinée à approfondir leur compréhension pour favoriser leur essor n’est de trop. C’est dans ce contexte qu’est placée l’enquête, menée par le Groupe de recherche sur les entreprises familiales et les stratégies des organisations (GREFSO), une unité de recherche affiliée à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech. Selon les chercheurs, cette «enquête participe de la volonté d’étudier la place qu’occupe la croissance dans la vision et le projet de développement des PME au Maroc». L’objectif est également d’analyser les mécanismes et les leviers mobilisés par ces entreprises dans leur processus de croissance et de comprendre les défis et obstacles qu’elles rencontrent pour maintenir cette croissance.
Dans une certaine mesure, les résultats qui sont restitués dans le cadre d’un colloque organisé par Euromed Management et le GREFSO les 11 et 12 mars, à Marrakech, montrent une nette volonté de mieux faire de la part des PME. Les chefs d’entreprises ont pris conscience qu’il faut asseoir leur croissance et leur rentabilité, ne craignent plus d’être dépendants financièrement, font plus attention à la qualité de leurs produits et services, et ont beaucoup investi dans les technologies de l’information et de la communication. L’enquête relève également que les PME misent davantage sur leurs propres forces que sur les aides publiques. Une forte majorité de dirigeants met en évidence la disponibilité d’une équipe fiable, la maîtrise des coûts, l’alliance avec les partenaires extérieurs et des politiques de production performantes comme moyens d’entretenir la croissance de leurs affaires. Ce nouvel état d’esprit se manifeste en outre à travers le jugement porté à l’encontre des banques, éternels boucs émissaires dès lors que l’on aborde la question du financement. Ils sont en effet 75% à reconnaître que les possibilités de financement qu’elles proposent satisfont leurs besoins de croissance.
Les mêmes maux persistent depuis plusieurs années
Donc plus rien à signaler ? Nous en sommes encore loin. Les sondés ont toujours des appréhensions quant à leur survie tant la maîtrise de tous les paramètres est impossible. L’étude ne le dit pas explicitement, mais une bonne partie des problèmes, endogènes ou exogènes, mise en évidence dans des documents antérieurs comme le Livre blanc de la PME qui remonte à 2000 et bien d’autres travaux sur la question, est toujours d’actualité. Sous-capitalisation, manque de transparence, fiscalité inadaptée, concurrence déloyale du secteur informel : ce sont quelques-uns des soucis qui inhibent l’essor de ces structures. Il s’y ajoute désormais que l’ouverture de l’économie consécutive aux accords de libre-échange signés avec plusieurs Etats leur impose d’être toujours plus productives et plus innovantes.
Au regard de ce qui précède, il s’avère que l’aide de l’Etat, pourtant non négligeable, mérite d’être repensée pour davantage de cohérence et d’efficacité. Non pas que l’Agence nationale pour la promotion de la PME (ANPME), instrument opérationnel des pouvoirs publics en matière de développement des PME, a failli à sa mission, mais ses dispositifs sont parfois mal connus ou insuffisamment compris. Preuve en est que 75% des patrons interrogés par le Grefso disent ignorer l’existence du programme Moussanada qui vise à accompagner les entreprises dans leur démarche de modernisation et d’amélioration de leur productivité.
Faute d’un observatoire de la PME, c’est dans l’identification de ce genre de problèmes que réside l’intérêt d’une telle enquête qui, si elle est mise à profit, permettrait de franchir un pas supplémentaire dans la recherche de solutions. Restitués en six items (pratiques d’innovation, intégration des TIC, ouverture à l’international et l’exportation, intégration des démarches qualité, pratiques de GRH et financement de la croissance), les résultats permettent d’élaborer une grille de lecture appropriée.