Mutuelle générale de l’administration publique : un million de dossiers maladie liquidés et 560 MDH versés aux adhérents

Le déficit a été ramené de 172 à  73 MDH seulement
La nouvelle direction tente de récupérer des biens immobiliers achetés mais jamais pris en possession
Des coupes drastiques dans les dépenses et les charges.

Après avoir traversé une forte zone de turbulences, la Mutuelle générale du personnel des administrations publiques (MGPAP) tente de se redresser pour continuer à dispenser ses services au profit des fonctionnaires. La tâche n’est pas facile, mais la nouvelle équipe dirigeante s’emploie à mettre à flot une institution qui a failli, durant les deux dernières années, mettre la clé sous le paillasson à cause de six années de mauvaise gestion.
La MGPAP contre laquelle les pouvoirs publics ont appliqué en janvier 2009 (pour la première fois) les dispositions de l’article 26 du dahir de 1963 réglementant le secteur des mutuelles, a réduit considérablement son déficit financier. Celui-ci sera, ainsi, ramené à 73 MDH à fin 2009 contre plus de 172 MDH en 2007, selon les prévisions du staff dirigeant de la mutuelle. «De plus, nous avons liquidé tous les anciens dossiers», indique Abdelmoula Moumni, président de la MGPAP. Au 22 décembre, 1 063 690 dossiers maladie ont été liquidés et la MGPAP a déboursé près de 560 MDH, dont près de 492 MDH dans le cadre de l’Amo et un peu plus de 67 MDH dans le cadre du secteur mutualiste.
Pour parvenir à ce résultat, les responsables de la mutuelle ont dû fournir beaucoup d’efforts pour apurer le grand déficit dont souffrait sa trésorerie.

Un milliard de DH dans des immobilisations
A commencer par la dette vis-à-vis de ses adhérents qui s’accumulait durant la période allant de 2003 à 2007. Les nouveaux dirigeants avaient ainsi hérité de 550 000 dossiers en souffrance qui représentaient quelque 100 MDH. Ils se retrouvaient également avec un secteur mutualiste et des œuvres sociales (prestations des cabinets dentaires et des opticiens essentiellement) en déficit de respectivement 40 MDH et 10 MDH.
Ils devaient, avant tout, redresser les erreurs de gestion du passé. Le cumul de ce grand nombre de dossiers en souffrance est le résultat d’une politique adoptée entre 2002 et 2007 et qui donnait la priorité aux «acquisitions d’actifs immobiliers, aux aménagements, aux achats de matériel, aux voyages et aux réceptions qui absorbaient des sommes importantes», rappelle un membre du conseil d’administration de la MGPAP qui fait allusion notamment au rapport de l’Inspection générale des finances portant sur la période 2004/2007. Le montant des investissements effectués durant ces années totalisait plus d’un milliard de DH.  L’acquisition pour 47,5 MDH du fameux immeuble sis à Agdal qui devait abriter le siège de l’institution en fait partie. Aujourd’hui encore, cette bâtisse est inscrite au nom du vendeur, comme d’autres propriétés rachetées dans les villes de Larache, Kénitra, Errachidia, Nador et Essaouira. A défaut de l’autorisation des départements ministériels de tutelle (Emploi et Finances), la mutuelle ne peut toujours pas disposer de ces biens.
Les nouveaux dirigeants tentent aujourd’hui, tant bien que mal, de récupérer ces propriétés. Ils comptent s’en servir pour réduire le trou financier de l’institution. «Certes, la procédure par laquelle ces acquisitions ont été effectuées n’a pas respectée la réglementation mais maintenant elles sont un acquis pour les adhérents», estime M. Moumni. Avec son équipe, ce dernier se bat également pour récupérer un autre «droit» qui donnerait une bouffée d’oxygène à la MGPAP : la restitution par la CNOPS des recettes des prestations effectuées par les 24 centres relevant des œuvres sociales de la mutuelle acquis auparavant avec la même irrégularité (sans autorisation de la tutelle). Il s’agit notamment de cabinets dentaires dont les recettes bloquées par la CNOPS sont estimées à 60 MDH.
En attendant de récupérer ces «droits», les nouveaux responsables de la MGPAP se serrent la ceinture. Les dépenses sont ainsi gelées «à l’exception de celles qui sont indispensables», précise-t-on. Les indemnités de déplacement, d’alimentation et d’hébergement sont versées au compte-gouttes. En 2009, le montant total de ces dépenses est redescendu à 1,8 MDH contre 4,74 MDH en 2008 et 4,28 MDH en 2006.
Les responsables de la MGPAP s’attaquent aussi à un autre handicap : le sureffectif qui a grevé les finances de l’institution. La masse salariale est passée de 28,7 MDH en 2002 à plus de 50,7 MDH en 2008. Elle représente actuellement 54% des recettes de l’établissement constituées des cotisations des adhérents (près de 110 MDH). Rien qu’au début de janvier 2009, au moment où les anciens dirigeants de l’institution ont eu vent de la détermination des autorités à appliquer les dispositions de l’article 26 du dahir de 1963, 137 personnes ont été recrutées. Ce qui représente 30% de l’effectif global de l’organisme. En même temps, 32 personnes ont intégré le staff de la mutuelle par le biais de «contrats ambigus». Pour arrêter l’hémorragie, la nouvelle direction a procédé à la résiliation des contrats de 51 personnes dont le montant total des rémunérations annuelles s’élève à 3,8 MDH. Parallèlement, elle a procédé à un réajustement des salaires de certains fonctionnaires en révisant les grades en fonction de leurs diplômes. Montant économisé : 2,4 MDH de plus.
Malgré tous ces efforts, le redressement de l’établissement n’est pas une tâche aisée. «Mais ce n’est pas une mission impossible», tient à souligner M. Moumni. A condition, conclut-il, d’avoir le soutien des pouvoirs publics, le temps de remettre l’établissement sur les rails.