Médicaments, les prix de vente ne baisseront finalement pas
Les industriels ont convaincu le gouvernement que les produits proposés ne sont pas chers
La comparaison a été faite avec des pays à pouvoir d’achat élevé.
Finalement, les prix de vente des médicaments ne baisseront pas. Les pouvoirs publics et l’Amip (Association marocaine de l’industrie pharmaceutique) ont mis fin aux discussions qu’ils avaient entamées en mars dernier, à la demande du premier ministre Driss Jettou. Ce dernier, s’appuyant sur une étude d’un cabinet étranger révélant que le médicament coûte cher au Maroc, avait «insisté» pour que les laboratoires révisent leurs prétentions à la baisse. Une requête fondée sur le fait qu’il fallait rendre le médicament plus accessible dans l’optique de l’entrée en vigueur de l’Amo (Assurance maladie obligatoire). Dans son argumentation, le gouvernement mettait également en avant la compensation, pour les laboratoires, du manque à gagner par une augmentation prévisible des ventes.
Le ministère de la Santé ne s’est pas prononcé
Il faut souligner que cette baisse était attendue au plus tard en juillet, soit à la veille de l’entrée en vigueur du système de couverture. Les pourparlers auront donc tout bonnement échoué. Mais, à l’Amip, on ne s’étend pas sur ce constat. Son président, Mounir Sedrati, avance simplement que l’abandon des discussions est tout à fait justifié, car, explique-t-il, «nous avons démontré au gouvernement, via une étude que nous avons réalisée, que le prix du médicament fabriqué au Maroc est de 32 % moins élevé que dans les pays étrangers. Tout comme les produits importés sont vendus 17 % moins cher que dans les pays fournisseurs».
Toujours selon l’association, le gouvernement a été convaincu par ces arguments puisque le décret d’application de l’AMO relatif au remboursement stipule que celui-ci se fait sur la base du médicament dont le prix est le plus bas – parmi ceux qui ont les mêmes principes actifs. «Cette disposition a apporté une solution au problème», commente M. Sedrati.
A l’heure où nous mettions sous presse, le ministère de la Santé n’avait pas encore donné suite à nos différentes demandes d’informations. On ne peut donc pas se prononcer sur la suite qu’il donnera à ce dossier.
Le remboursement se fera sur la base du médicament le moins cher
Toujours est-il que, même si les industriels sont satisfaits de la situation actuelle, ils ne cachent pas leurs appréhensions quant aux perturbations que risque de subir le secteur. «Le remboursement sur la base du médicament le moins cher va renforcer la concurrence, déjà très vive, entre les opérateurs et particulièrement les fabricants de produits génériques. Cela peut même constituer une menace pour la viabilité des entreprises du secteur sachant que la marge des laboratoires n’est pas très importante. Sans compter l’étroitesse du marché du médicament», explique-t-on. Pour un spécialiste de la question, toutefois, la réduction des marges bénéficiaires sera compensée par l’élargissement de la demande découlant de l’entrée en vigueur de l’AMO. Aujourd’hui, rappelons-le, la consommation par habitant et par an s’élève à 275 DH et le chiffre d’affaires du secteur a très peu évolué lors des trois dernières années. Il est passé de 4,5 milliards de DH en 2002 à 4,8 milliards en 2004.
Le niveau de la demande découle principalement de la faiblesse du pouvoir d’achat. Or, c’est justement cette faiblesse du pouvoir d’achat que les industriels, qui se basent sur le prix hors-taxe du médicament, semblent oublier et, de fait, on serait tenté de dire que le prix du médicament est relativement élevé au Maroc.