Maroc-USA : du win-win sur toute la ligne

Pour l’administration américaine, le Maroc est incontestablement le pays-clé pour l’Afrique.
Tout le monde se rappelle encore du discours royal fort à l’occasion de la fête de la Marche verte. Le Souverain s’était longuement attardé sur le dossier du Sahara. Mais cette fois-ci, on s’en rappelle, la tonalité était légèrement différente, SM Mohammed VI ayant fortement insisté sur la nécessité que toutes les composantes du pays s’impliquent dans une démarche proactive. Lors de sa visite aux États-Unis, le Souverain a montré par l’exemple pratique ce à quoi devrait ressembler la nouvelle démarche. Et les résultats sont probants. En atteste le net changement de la position officielle de l’administration américaine sur un certain nombre de questions.
D’abord sur la question du Sahara, le Souverain a visiblement réussi à peser de tout son poids pour que l’allié américain clarifie ses positions et son discours sur le sujet. Les messages ont été directs et lucides: la solution de l’autonomie présentée et défendue par le Maroc est aujourd’hui la plus raisonnable et la plus sérieuse. Au lendemain de la rencontre entre les deux chefs d’Etat, on pouvait ainsi lire dans le communiqué officiel conjoint que «les Etats Unis ont clairement indiqué que le plan d’autonomie présenté par le Maroc est sérieux, réaliste et crédible, et représente une approche potentielle qui pourrait satisfaire les aspirations de la population du Sahara à gérer ses propres affaires dans la paix et la dignité». Sérieux revers pour les ennemis de la cause nationale.
Dans la foulée, SM Mohammed VI a pu également avec beaucoup de doigté passer en mode proactif sur une autre question épineuse : les droits de l’homme et plus particulièrement dans les provinces du sud. Là aussi, les termes utilisés par l’administration américaine ne laissent place à aucun doute et reconnaissent sans détours le sérieux et les efforts du Maroc sur la question et surtout le fait que les deux pays partagent exactement la même vision. En plus de rendre justice au Maroc, la nouvelle position officielle des États-Unis est de nature aussi à relativiser la portée et l’importance de certains documents ou rapports publiés de temps à autre et sur commande par des officines qui se prétendent être des ONG y compris aux USA.
Par la même occasion, enfin, le Maroc décroche aussi la confirmation de son statut de pays-clé dans la région pour tout ce qui concerne les aspects relatifs à la sécurité et la lutte contre le terrorisme qui sont au centre des préoccupations de l’administration américaine.
L’expertise marocaine pour l’Afrique
Mais en plus de ces trois questions cruciales, et avec du recul, la portée de la visite royale aux États-Unis va au-delà des relations bilatérales entre les deux pays. En analysant les démarches du Souverain sur le plan international durant toutes ces années, il est facile de reconstituer les morceaux du puzzle: l’Afrique, l’Europe, la région du Moyen-Orient notamment les pays du Golfe et, maintenant, l’Amérique du Nord à travers les États-Unis. Il est clair que la dernière visite à Washington vient en fait compléter un dispositif en construction depuis longtemps et qui a pour objectif de repositionner le Maroc d’abord dans son environnement régional immédiat à travers l’Afrique et l’Europe, puis de conforter sa position avec des alliés plus lointains géographiquement mais tout aussi stratégiques.
Pour ce qui est du partenaire américain, il y a lieu de souligner que lui aussi ne peut être que gagnant en s’assurant l’appui du Maroc. Ce dernier d’abord constitue une excellente tête de pont vers l’Afrique. Le continent n’est pas particulièrement connu pour être un terrain facile et il est encore moins acquis aux entreprises et à l’administration américaine. Une difficulté qui peut être surmontée en s’appuyant sur l’expertise africaine du Maroc et surtout l’excellente image véhiculée par le Souverain lors de ses multiples visites dans le continent.
A ce titre, il est intéressant de revenir sur les termes mêmes utilisés par l’administration américaine et qui démontrent tous les espoirs fondés sur la position de leader du Maroc sur le continent africain. Une position qui fait d’abord de lui une excellente plateforme logistique pouvant aider les opérateurs américains à investir les marchés très prometteurs de l’Afrique subsaharienne tout en profitant des effets combinés de l’accord de libre-échange. Mais ce n’est pas tout. Le rôle du Maroc en Afrique sera tout aussi déterminant, aux yeux des Américains, pour ce qui est de la question importante de la sécurité alimentaire qui constitue pour eux un des
facteurs-clés du développement humain et de la stabilité. Et qui dit stabilité dit aussi sécurité et lutte contre toutes les formes de terrorisme et d’extrémisme. C’est là aussi un des volets pour lesquels l’Administration américaine compte capitaliser sur l’expertise marocaine et surtout, peut-on lire dans le communiqué officiel de la Maison Blanche, «le leadership de Sa Majesté le Roi et les actions menées par le Maroc dans les domaines du maintien de la paix, de la prévention des conflits, du développement humain et de la préservation de l’identité culturelle et religieuse». Enfin, en regardant plus loin à l’Est, le Maroc constitue également un acteur-clé pour ce qui est des relations avec les monarchies du Golfe avec lesquelles le Souverain a consolidé les liens à tel point, d’ailleurs, que le Maroc a été invité à plusieurs reprises et de manière insistante à rejoindre le Conseil des pays du Golfe.