L’OCP réalise un résultat d’exploitation après amortissements de 3,5 milliards de DH

Le chiffre d’affaires de 2009 est en deçà du précédent, mais les objectifs sont légèrement dépassés
La situation financière est assainie et les ratios conformes aux standards internationaux.
Une enveloppe de 79 milliards de DH sera investie sur 10 ans pour augmenter les capacités et améliorer la rentabilité.
Ce n’est pas une surprise. Le Groupe Office chérifien des phosphates (OCP) a réalisé un exercice 2009 moins bon que le précédent qui était exceptionnel à tout point de vue, particulièrement en raison de l’évolution très favorable des cours. De 60 milliards de DH en 2008, le chiffre d’affaires s’est replié à 21 milliards de DH. Il est même moins élevé qu’en 2007 (24,2 milliards de DH), dont le dernier trimestre s’était également caractérisé par l’amorce de la hausse des prix. La comparaison avec ces deux exercices doit cependant être relativisée compte tenu du climat de l’époque. L’exercice de référence est plutôt 2006.
Dans tous les cas, le groupe avait pris en considération l’évolution de la conjoncture internationale au moment d’élaborer son budget. Et selon Mohamed El Hajjouji, directeur exécutif en charge du pôle finances, le chiffre d’affaires a dépassé les objectifs de 4%. Sans compter que l’activité chimie a été suspendue pendant au moins trois mois pour une maintenance poussée de l’outil industriel. L’audit des comptes n’est pas encore achevé, mais l’OCP prévoit un Earning before interest and taxes (Ebit), soit un résultat d’exploitation, après amortissements, de 3,5 milliards de DH.
Les appels d’offres relatifs à la plateforme de Jorf sont lancés
De l’avis de M. El Hajjouji, «2010 est une année d’incertitudes eu égard à l’instabilité de la conjoncture internationale». Il n’en demeure pas moins que le budget est légèrement supérieur à celui de l’année écoulée quand bien même la prudence soit de rigueur. «Nous travaillons selon des scénarios qui seront adaptés à chaque situation», souligne le directeur exécutif en charge du pôle finances. Mais le propre d’une entreprise, leader mondial dans son domaine, n’est pas de se focaliser sur le court terme. C’est dire que le groupe met en œuvre une stratégie très affinée pour consolider sa position et augmenter sa productivité de même que sa rentabilité. Le travail se fait désormais sur deux fronts : l’augmentation de la capacité de production (mines et chimie) et la réduction des charges. A cet égard, un ambitieux programme d’investissement sur dix ans est mis sur pied. L’épine dorsale du premier volet est la plateforme qui sera aménagée sur le site de Jorf Lasfar. L’idée de base de ce projet annoncé il y a un peu plus d’un an est d’attirer des investisseurs étrangers qui valoriseront le minerai sur place avant de l’exporter. Cette approche permet, par-delà l’augmentation des débouchés pour le minerai, de créer de la valeur ajoutée supplémentaire à l’intérieur du pays. L’appel d’offres international relatif à ce projet a été récemment lancé. Le second volet s’articule autour de la réduction des coûts de transport du minerai des sites d’extraction aux unités de transformation ou aux ports d’embarquement. Le phosphatier prévoit de se passer des services de l’Office national des chemins de fer (ONCF) en prenant la décision radicale de construire deux pipelines entre Khouribga et Jorf et entre Gaintour (Benguérir) et Safi. Ce choix permettra d’optimiser les coûts de transport du minerai, fait savoir M. El Hajjouji. En principe, le premier ouvrage cité sera mis en service en 2012. Un appel d’offres pour la passation du marché est lancé il y a quelques jours. Le second doit être entamé l’année prochaine et la livraison programmée pour 2013.
Une salle des marchés en cours de création
Le groupe a certes les reins solides pour mener de front tous ces chantiers, mais il lui faudra bien profiter des effets de levier que procure le recours à des bailleurs de fonds. A ce titre, il se doit d’être irréprochable tant sur le plan des équilibres financiers que sur la présentation des comptes. Tout est maintenant assaini, assure le patron du pôle finances. Les fonds propres s’élèvent à 18 milliards de DH à fin 2009. L’Ebitda (Earnings before interest, taxes, depreciation and amortization), ou résultat d’exploitation avant amortissements, est largement supérieur au tiers de l’endettement net (dette minorée du cash disponible). Ce qui veut dire qu’avec un tel ratio une entreprise peut rembourser en trois ans. Le rapport entre le cash-flow opérationnel et l’endettement net, indicateur complémentaire de la solvabilité de l’entreprise, est aussi largement conforme aux standards internationaux.
Dans le même sens, les bilans sont présentés selon les normes IFRS, audités semestriellement et certifiés par des cabinets internationaux. Le groupe veut aller plus loin pour pouvoir accéder au marché financier international à des conditions intéressantes. A ce titre, il a récemment lancé un processus de notation.
Le chantier financier ne se limite pas à ces aspects. Pour gérer ses positions en devises, une salle des marchés sera montée. Les outils informatiques sont déjà choisis. Il ne reste plus que le volet opérationnel.