L’industrie marocaine est contrainte de se réinventer pour se développer

• La compétitivité passe par une remise en cause de toute la chaîne de valeur
• Le 4.0 et la décarbonation sont les must have de l’industrie
• La CGEM mise sur 4 priorités afin de promouvoir le «Made in Morocco».
L’industrie marocaine fait face à plusieurs défis consécutivement à l’évolution rapide et continue du contexte mondial. D’où l’intérêt de se montrer compétitive, moderne et adaptable également. Tarik Aitri, président de la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électro-mécaniques (FIMME), met l’accent sur deux points importants lors de la 12e édition du SISTEP, qui se veut virtuelle en cette année. Il s’agit de l’industrie 4.0 et de la décarbonation. Selon lui, «il nous incombe de nous inscrire dans une dynamique où l’industrie devra être moderne, évolutive et génératrice de revenus. Cela devra passer, entre autres, par l’introduction de nouvelles technologies et de nouveaux paradigmes à même de s’adapter au changement mondial. Une remise en cause de toute la chaîne de valeur est donc indispensable avec comme mots clés : innover, se réinventer et se renouveler». De l’autre côté, la décarbonation devient une urgence aujourd’hui qui s’impose aux entreprises exportatrices qui ont fait de l’empreinte carbone une barrière d’accès à leurs marchés.
«Nous ne pouvons pas imaginer une compétitivité de notre industrie s’il n’y a pas une optimisation de toute la chaîne de valeur», assure, pour sa part, Najib Charai, vice-président de la FIMME. Et justement, cette compétitivité dépend de plusieurs facteurs dont la matière première, l’efficacité énergétique, la nécessité de passer vers une économie moderne… A cela, ajoute Mohamed Bachiri, vice-président de la CGEM et DG de Renault Tanger : «Investir dans une industrie 4.0 devra permettre au Maroc de passer d’une logique de coût de production et de main-d’œuvre à celle d’assurer une qualité de prestations et de services et aussi de monter en gamme». Ce sont donc plusieurs paramètres, à prendre en compte, qui pourraient permettre à l’industrie marocaine d’être plus compétitive, avec l’ambition de produire local et d’inciter à consommer local. Quoi qu’il en soit, le «Made in Morocco» doit être intégré dans la nouvelle trajectoire que devra prendre l’industrie marocaine. Dans ce cadre, «nombre de leviers sont à actionner dont la diversification industrielle pour introduire de nouvelles activités et de savoir-faire, la montée en gamme pour augmenter la valeur ajoutée et le taux d’intégration local dans nos industries et le renforcement des exportations marocaines», énumère M.Bachiri. Ce qui revient à investir aussi bien dans le capital humain que dans le développement du secteur productif.
Afin de promouvoir le Made in Morocco, la CGEM mise sur 4 priorités essentielles. Elles s’articulent autour de l’encouragement de la substitution des importations des matières premières, notamment par un accompagnement intégré des entreprises industrielles dans différents domaines (foncier, commande publique, financement, accès aux marchés..). Il s’agit aussi de promouvoir l’innovation au service de l’industrie et valoriser davantage le produit local. Beaucoup de travail reste à faire, que ce soit pour stimuler le produit national ou pour améliorer l’image des industriels marocains. Enfin, il faudrait «favoriser les secteurs productifs marocains dans les marchés publics et renforcer l’intégration de l’industrie dans les chantiers de développement économique, et ce à travers une stratégie de compensation industrielle», conclut M.Bachiri.
Des réalisations appréciables du PAI 2014-2020
Le plan d’accélération industrielle 2014-2020 a représenté une réelle opportunité- de développement des secteurs industriels marocains. Plusieurs réalisations sont à mettre à l’actif des écosystèmes mis en place, dont la création de plus de 560 000 emplois, l’établissement de 50 écosystèmes performants regroupés dans 14 secteurs structurés, et plus de 34 milliards de DH de substitution identifiés dans le cadre de la banque à projets industriels. De plus, la part du secteur industriel est montée à 23,5% du PIB, contre 14% en 2013 et 13,8% en 2019 (année de référence). Compte tenu du succès de cette stratégie, un autre plan d’accélération industrielle 2021-2023 est lancé. Pour rappel, il vise un taux d’intégration de 80% dans le secteur automobile et 5 autres objectifs, entre autres, accompagner les filières industrielles et renforcer leur intégration, développer l’entrepreneuriat industriel, décarboner la production industrielle et positionner le Maroc comme partenaire international.