Les Marocains boudent la sardine en boîte
Ils en consomment à peine 900 grammes par habitant et par an
Bientôt une campagne de pub qui s’étalera sur un an, pour relancer
la consommation.
L’Union marocaine des industries de conserves de poissons (UNICOP) s’apprête à lancer une campagne publicitaire pour inciter les Marocains à consommer de la sardine en conserve, franchement boudée, alors qu’elle est très prisée sous d’autres cieux, notamment en Europe et dans le reste de l’Afrique. Pour l’instant, la campagne en est au stade de l’ouverture des plis reçus suite à l’appel d’offres lancé en juillet dernier. Cela devra aboutir, dans un premier temps, à la confection de spots publicitaires pour une campagne qui s’étalera au moins sur un an.
On pense ainsi faire tomber le mur d’a priori défavorables dont souffre la sardine locale. Cette fois-ci, l’association communiquera sur les bienfaits nutritifs du poisson lui-même, et non pas autour de l’activité comme ce fut le cas, il y a un an, lors d’une campagne intitulée «Label Maroc» qui a eu des effets très limités. «La sardine doit être débarrassée de l’image de poisson des pauvres qui lui est attachée en raison de son prix», explique Najib Chaoui, secrétaire général de l’UNICOP. Dans certains pays, précise-t-il, ce poisson est servi dans des restaurants, et la boîte est ouverte devant le client pour qu’il puisse s’assurer de sa provenance et de sa qualité.
En effet, le marché marocain représente à peine 23 % des ventes, soit quelque 27 000 tonnes par an, contre près de 100 000 tonnes à l’export. Certes, les marchés étrangers ont leurs propres exigences de qualité et de normes, mais les producteurs marocains s’y sont adaptés sans problèmes puisque le secteur des industries de conserve de poisson dispose des unités de production les plus modernes.
39% vont en Afrique subsaharienne et 44% en Europe
Au total, 250 MDH ont été dépensés au titre de la mise à niveau des conserveries qui a eu lieu entre 1998 et 2002 et les investissements dans des nouvelles unités à Safi, Agadir et Tan-Tan ont atteint 80 millions de dirhams sur la période 2000 à 2002. Dès lors, on sait mettre en conserve la sardine débarrassée de ses arêtes et de sa peau, et destinée au marché allemand, sans renoncer pour autant à la production des fameuses boîtes rouges que tout le monde connaît et qui sont très demandées, allez savoir pourquoi, sur les marchés subsahariens. Ce dernier marché a absorbé tout de même 39 % des ventes en 2002, se plaçant en deuxième position juste après le marché européen avec 44 %. Le reliquat se répartit entre les pays du Moyen-Orient (12,6), l’Amérique (4,4 %), l’Asie et l’Océanie.
Mais si l’outil de production marocain de conserve est mondialement connu, le secteur continue de manifester des signes de faiblesse en amont, caractérisés par des difficultés d’approvisionnement dues notamment à la saisonnalité de l’activité de la flotte côtière et à la médiocrité de la qualité de ses captures. De même, les infrastructures de débarquement et de manutention des captures sont rarement au niveau des normes internationales et ne respectent pas toujours les règles sanitaires minimales. En mettant à niveau ces infrastructures et en simplifiant les mesures administratives et de contrôle, on contribuera sans doute à surmonter un autre problème : la réduction du délai moyen entre la date de fabrication et celle de l’exportation qui est de 30 jours au Maroc et d’une semaine en Europe