Les études d’évaluation se suivent et… se ressemblent
Une étude menée par des experts allemands en 1999 et une autre, par la CGEM, en 2004, ont abouti au même constat : l’incohérence du dispositif
Les experts de McKinsey tentent à leur tour de comprendre !
Depuis quelques jours, des consultants du cabinet McKinsey (encore eux !) tiennent des réunions avec des décideurs et cadres des milieux d’affaires (PME, banques…) pour évaluer le programme de mise à niveau. Ce travail qui leur a été demandé dans le cadre de leur étude sur la nouvelle stratégie industrielle du Maroc est-il vraiment opportun ? Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité que lors de son lancement, en 1996-97, le programme de mise à niveau, en plus d’une multitude de rencontres, colloques, tables rondes, symposiums et autres, avait fait également l’objet de plusieurs études, évaluations, rapports…
En 1999 déjà , les problèmes étaient identifiés
Pas plus tard qu’en juillet 2004, un groupe de consultants avait rendu un rapport d’évaluation suite à une étude commanditée par la CGEM dans le cadre du projet Unimed 2 financé par l’Union méditerranéenne des confédérations d’entreprises (UMCE). Les conclusions de l’étude sont sans appel. Il est indiqué que le démarrage est jugé très lent puisque le programme de mise à niveau ne connaà®tra sa véritable impulsion que cinq ans après son lancement avec la création, en 2002, d’un ministère dédié à la mise à niveau, de l’ANPME et la mise en place du Foman. Malgré tout, l’adhésion des entreprises au programme est restée très timide. Entre autres raisons expliquant ce manque d’enthousiasme, le manque de visibilité, le démarrage tardif de la campagne de sensibilisation, le défaut de traitement différencié, la complexité du dispositif et le retard dans la mise en place de certains instruments du programme…
Or en 1999 déjà , une étude d’évaluation avait été réalisée par un groupe d’experts allemands, à la demande de l’Agence de coopération allemande, la GTZ, et du ministère de l’Industrie et du Commerce. Les blocages étaient déjà apparents. Les experts allemands relevaient ainsi la sous-utilisation par les PME des mécanismes de financement, encore peu nombreux à l’époque (Fogam et une ligne de la BEI), mis à leur disposition. Ils faisaient également état du déficit d’informations et de communication, du peu d’empressement des banques à accorder les crédits de mise à niveau et de leur tendance à demander trop de garanties.
Retour encore en 2004. Driss Jettou avait, faut-il le rappeler, demandé à un membre de son cabinet de faire un état des lieux sur l’utilisation des fonds européens dont ceux dédiés à la mise à niveau. Et, là aussi, la conclusion fut la même : les lignes étaient sous-exploitées pour les mêmes raisons, à savoir leur multiplicité et la complexité du dispositif… Aujourd’hui, que pourra apporter cette énième évaluation du cabinet McKinsey ? Les problèmes sont connus… A moins que l’on ne veuille continuer à enfoncer des portes ouvertes ou se trouver des raisons pour maintenir le programme sous perfusion !.