Les détails du plan de relance du textile

Restructuration financière, assouplissement douanier et promotion du secteur sont les principaux volets
du plan

Pour le volet transport, les discussions continuent avec les pouvoirs
publics.

Le secteur du textile a enfin son plan de relance. Lundi 17 octobre a eu lieu en effet la signature du «Plan Emergence textile habillement». Ce plan est inspiré des nouvelles orientations de la politique industrielle du Programme Emergence qui devra, selon le premier ministre Driss Jettou, «asseoir un secteur textile habillement dynamique, moderne et en phase avec l’évolution des marchés internationaux». En effet, selon un industriel exportateur, ce contrat programme arrive à  point nommé car actuellement plusieurs événements sont intervenus aussi bien au niveau national qu’international. «Le démantèlement de l’accord multifibre et l’arrivée de la Chine ont fortement perturbé le marché mondial. Sur le plan national, l’accord de libre-échange avec les USA est un élément très important. De nouvelles opportunités s’offrent au Maroc et il faut être prêt», explique-t-il C’est à  cet effet que le plan de relance prévoit un ensemble de dispositions à  caractère financier, industriel, technique et commercial.

Des conditions de financement plus souples
Pour accompagner le développement du secteur, le dispositif financier a été relooké. Il s’articule autour de deux axes : la restructuration des dettes bancaires et le financement des projets d’investissement. Le fonds de garantie de la restructuration financière, qui sera géré par la Caisse centrale de garantie (CCG), appuiera la restructuration des dettes bancaires des entreprises. Les crédits seront garantis à  hauteur de 50 % et plafonnés à  5 MDH. Sont exclues, bien sûr, les entreprises faisant l’objet d’un redressement judiciaire ou d’une liquidation judiciaire. Le Foman (Fonds de mise à  niveau), lui, devra soutenir la modernisation des entreprises dont le total bilan est de 70 MDH ou plus. La contribution du fonds est de 40 % du programme d’investissement, plafonnée à  5 MDH et l’apport de l’entreprise a été réduit de 20 à  10% du montant de l’investissement.
Le plan encourage aussi l’investissement dans le secteur puisqu’il octroie des incitations à  l’investissement dans les filières de la filature, du tissage et de l’ennoblissement du textile. Et par le biais du Fonds Hassan II, le gouvernement prendra en charge une partie des coûts du terrain et de la construction des bâtiments.
Pour les investissements supérieurs ou égaux à  200 MDH qui font l’objet d’une convention, l’Etat prendra en charge 20 % du coût global du projet. Cette contribution viendra à  la fois du Fonds de promotion de l’investissement (10 %) et du Fonds Hassan II à  hauteur de 10 % également.

20 MDH par an pour la promotion du secteur
Enfin, pour une plus grande compétitivité et réactivité du secteur, le plan introduit plusieurs nouveaux mécanismes, notamment la facilitation de l’implantation des plates-formes d’exportation et d’approvisionnement.
Par ailleurs, le plan met en place une réforme tarifaire se traduisant par le démantèlement des droits de douane sur les matières premières et les intrants textile. Cette nouvelle fiscalité favorisera l’accès aux matières premières et intrants (voir tableau). Pour le volet logistique et transport, autre facteur de réactivité, les discussions seront poursuivies avec le département concerné afin d’aligner les coûts et les délais de passages portuaires sur les prix de la concurrence.
La compétitivité de l’industrie textile passe également par une promotion efficace. C’est pourquoi le gouvernement met à  la disposition de l’Amith un budget annuel de 20 MDH sur une période de trois ans.
Globalement, ce plan satisfait les industriels qui espèrent, comme le pense l’un d’entre eux, basé à  Rabat, que «les mesures seront rapidement mises en place car tout le monde sait comment fonctionne l’administration marocaine». Pour Karim Tazi, président de l’Amith, le Plan Emergence est le fruit d’une large concertation avec les pouvoirs publics, «cependant, cette signature n’est pas une fin en soi. Il doit rester ouvert et être considéré comme un prélude à  de vastes chantiers stratégiques pour le secteur»

Reprise des exportations de confection et bonneterie
Pour le seul mois d’août 2005, les exportations d’articles de bonneterie ont progressé de 4,5 % par rapport au même mois de l’année précédente. Les vêtements confectionnés ont aussi connu la même tendance puisqu’ils ont évolué de 6,4 % sur la même période. Ces deux indicateurs attestent, selon la direction du textile du ministère du commerce et de l’industrie, d’une légère reprise des exportations marocaines qui ont été très affectées au début du premier semestre 2005. Alors que pour la confection la baisse était de 32 % en janvier par rapport au même mois de 2004, elle n’est aujourd’hui que de 9 % si l’on compare les huit premiers mois des deux années. Pour la bonneterie, la baisse est passée de 34 % en janvier à  16 % pour les huit mois. Cette timide amélioration s’explique, selon le ministère du commerce et de l’industrie, par les mesures de sauvegarde décidées par l’Union européenne et les USA à  l’encontre des exportations chinoises.
Pour rappel, l’UE a limité, en juin dernier, l’augmentation annuelle des exportations chinoises à  8 % pour les pantalons, pull-overs et chemisiers, et à  12,5 % pour les draps et nappes. Les USA ont fait de même : limitation de 7,5 % pour les chemises et pantalons en coton ainsi que les sous-vêtements