Les crédits à  l’économie n’ont progressé que de 9,66% en 2009 contre 23,2% en 2008

Forte hausse des crédits à  l’équipement à  125 milliards de DH, soit +27% par rapport à  2008.
Net ralentissement de l’évolution des crédits immobiliers et à  la consommation.
Petite augmentation des dépôts de la clientèle : +4,24%.

L’activité bancaire, bien qu’en progression, enregistre en 2009 une décélération de rythme, à l’image de l’économie nationale qui ne doit son taux de croissance relativement élevé (5%) qu’à la valeur ajoutée agricole (+26,2%) ; les secteurs hors agriculture n’ayant crû, eux, que de 1,6%, contre 3,9% en 2008 et 6,2% en 2007.
Et, cependant, l’activité principale des banques, qui est le financement de l’économie, à travers l’octroi de crédits, en dépit de la baisse de rythme, continue d’enregistrer des croissances à deux chiffres sur les principaux segments que sont l’équipement, la consommation et l’immobilier.
En effet, les crédits à l’équipement ont crû de 27,03%, à 125,1 milliards de DH en 2009, une croissance bien supérieure à celle de 2008 (+18,5%) et presque autant que celle de 2007 (+ 28,5%). En revanche, les crédits à la consommation, après «l’explosion» de 2007 (+40,7%), connaissent un certain repli tout en demeurant conséquents : +28% en 2008 et
+18,8% en 2009, à 29,8 milliards de DH ; ces chiffres méritant toutefois d’être corrigés avec ceux des sociétés de crédit à la consommation, dont c’est le métier de financer…la consommation.
L’activité immobilière des banques marque, elle, un net recul, en particulier sur le volet «crédits à la promotion immobilière». En 2009, les crédits octroyés aux promoteurs immobiliers se sont élevés à un plus de 63 milliards de DH, soit une hausse de 39,2%. Cette progression paraît importante, certes, mais on est loin malgré tout des 124,5% de hausse de 2008 et surtout des 200% de 2007. Incontestablement, les mises en chantier doivent y être pour beaucoup même si, il faut le rappeler, certaines banques, comme la SGMB ou le CIH, ont procédé à des corrections techniques de leurs chiffres durant l’année 2009.
Les crédits immobiliers aux particuliers sont sur la même tendance : +13,4% en 2009 à un peu plus de 111 milliards de DH, au lieu de  
+15,5% en 2008 et +29% en 2007. La question est de savoir si cette contraction est due au repli du rythme de construction de logements ou bien au réflexe de prudence des citoyens en période de crise, ou encore à l’effet combiné des deux !
Même constat s’agissant des crédits de trésorerie : une petite hausse de 2,45% à 64,98 milliards de DH, contre 3,23% en 2008 et 10,7% en 2007.

Le coefficient d’emploi s’établit à plus de 90%

Pour autant, ce ralentissement, aussi significatif qu’il ait été sur certains segments, comme la promotion immobilière, demeure tout relatif de façon plus globale lorsqu’on sait que les ressources des banques, elles, ont enregistré une érosion beaucoup plus importante. En effet, les dépôts de la clientèle -qui constituent 93,4% des ressources en 2009- n’ont augmenté que de 4,24%, au lieu de +13,83% en 2008 et
+18% en 2007. En d’autres termes, le rythme d’accroissement des ressources est infiniment plus faible que celui des emplois. Il est significatif à cet égard que le coefficient d’emplois (c’est-à-dire le rapport des crédits à l’économie sur les ressources) s’établit à plus de 90%.
En effet, les crédits à l’économie (constitués à 90,6% des créances sur la clientèle et à 9,4% des créances sur les sociétés de financement) ont progressé de 9,66% à 568,4 milliards de DH, au lieu d’une hausse de 23,2% en 2008 et de 29,5% en 2007. Les créances sur la clientèle, soit l’essentiel des crédits à l’économie comme cela vient d’être signalé, ont augmenté, elles, de 10,7%, un niveau certes très largement inférieur par rapport aux 23,1% de 2008 et 27,14% de 2007. Mais ce rythme représente, malgré tout, plus que le double de celui des dépôts de la clientèle (+ 4,66%). En valeur, le montant des créances sur la clientèle en 2009 (514,94 milliards de DH) représente 87,35% des dépôts de la clientèle (589,5 milliards de DH).

Les baisses successives de la réserve obligatoire n’ont pas amélioré la trésorerie des banques

Par rapport au produit intérieur brut (PIB), les crédits à l’économie des banques membres du GPBM ont représenté 76,8% en 2009. Certains pourront considérer que l’essentiel de ces crédits vont davantage à la consommation et à l’immobilier (203,88 milliards de DH) qu’à l’équipement (125 milliards de DH), entretenant ainsi un risque de surchauffe en particulier dans le secteur immobilier. Surtout, les tenants de cette thèse estiment que cette configuration du crédit renseigne, d’une certaine manière, sur le peu de risques que les banques sont disposées à prendre. L’argument que l’investissement doit être privilégié par rapport à la consommation repose sur le fait que dans une économie peu compétitive comme celle du Maroc, l’orientation qu’a prise le crédit favorise surtout les importations, fragilisant encore plus la balance commerciale et, partant, la balance des paiements. L’argument se tient bien sûr, mais il faut bien voir que, d’une part, les crédits à la consommation (courante) du secteur bancaire ne représentent l’essentiel de l’activité, et, d’autre part, les crédits alloués à l’immobilier, surtout aux particuliers, traduisent qu’on le veuille ou non un besoin légitime d’accéder à la propriété (à charge bien sûr pour les banques de vérifier la solvabilité de chacun), sans compter les emplois que génère le secteur de la construction.
La question qui se pose en revanche est celle relative aux ressources des banques sur lesquelles paraît s’exercer une certaine tension ; et ceci malgré la baisse par la banque centrale de la réserve obligatoire, à plusieurs reprises ces derniers temps.