Les agriculteurs protestent contre la hausse du prix du gasoil

Ils souhaitent une aide, au même titre que les pêcheurs
Le problème sera posé lors de la réunion du conseil d’administration de la Fédération des chambres d’agricultures, prévue le 12 octobre prochain.
La révision à la hausse des prix intérieurs des carburants depuis le 25 août dernier (à l’exception du fioul industriel et du butane), suite à la flambée des cours du brut sur les marchés internationaux, n’est pas du goût des agriculteurs. Gros consommateurs de gasoil (qui a subi une hausse de 3,5 %), ces derniers disent ne pas comprendre que le gouvernement n’ait pas pensé à les en prémunir comme il l’a fait pour les industriels (puisque le prix du fioul n’a pas augmenté) et comme il le fait depuis longtemps pour les pêcheurs.
«Que les pouvoirs publics aient décidé de préserver le tissu industriel en n’augmentant pas le prix du fioul, nous disons bravo. Seulement, il faudrait que l’agriculture soit également aidée car, ne l’oublions pas, c’est l’agriculture qui crée des emplois en milieu rural et c’est donc elle qui fixe les populations sur place», déclare Ahmed Darrab, président de l’ASPAM (Association des producteurs d’agrumes du Maroc). M. Darrab, qui estime entre 20 et 30 % le poids de l’énergie dans le prix de revient des produits agricoles, dit craindre une augmentation des prix de ces produits compte tenu non seulement de la hausse du gasoil (utilisé pour les motopompes, les tracteurs, etc), mais également des intrants, suite au renchérissement prévisible du transport (les transporteurs routiers de marchandises ayant déjà déclaré augmenter leurs tarifs de 5 %).
A défaut d’une ristourne sur le gasoil, ils réclament une subvention sur le transport
Mohamed Gorch, directeur de la Fédération des Chambres d’agriculture du Maroc, est du même avis : «Si aucune décision n’est prise par le gouvernement, la compétitivité du secteur en prendra sûrement un coup». C’est pourquoi, alertée par les 37 Chambres qui la composent, la fédération a d’ores et déjà inscrit ce dossier au menu de son conseil d’administration, dont la date de réunion est prévue pour le 12 octobre prochain. «Outre le fléau que représentent les criquets, les défis de l’ouverture de l’économie marocaine, l’augmentation du gasoil est un des points centraux que nous discuterons avec le ministre de l’Agriculture», par ailleurs président du conseil d’administration de la Fédération, explique M. Gorch.
La profession reconnaît la difficulté (matérielle) d’obtenir une ristourne sur le gasoil, comme cela se fait pour les pêcheurs, dont les bateaux sont alimentés directement par des stations en mer, ce qui exclut ou, tout au moins, limite grandement toute possibilité de fraude. «Ce n’est pas parce que l’idée, depuis longtemps suggérée, d’un gasoil coloré spécialement conçu pour les agriculteurs n’a pas marché, qu’il n’existe aucun moyen d’aider ce secteur», souligne M. Gorch. «Nous avons bien l’intention de demander au ministre de l’Agriculture de faire quelque chose, comme subventionner par exemple le transport des intrants», confie le directeur de la fédération.
Le démarrage de la campagne agricole s’annonce animé et M’hand Laenser, idéologiquement très attaché au monde rural, vivier du parti qu’il dirige, ne devrait pas être insensible aux arguments des agriculteurs, même revêtu de l’habit de ministre ! .
On craint une augmentation du prix des produits agricoles du fait de la hausse du prix du carburant mais également de celle des intrants, suite au renchérissement prévisible des transports.
Tracteurs, motopompes,… on estime entre 20 et 30 % la part de l’énergie dans le prix de revient des produits agricoles.