Légère baisse des créations d’entreprises en 2009

26 984 entreprises ont été créées en 2009 contre 27 175 en 2008.
Les services et le commerce en tête des secteurs investis.
Un certificat négatif sur deux aboutit à la création d’entreprise.
Généralement, les périodes de crises sont perçues comme celles où se créent le plus d’entreprises ; les porteurs de projets anticipant la reprise. Cela s’est vérifié récemment en France :
+ 75% de créations d’entreprises en 2009, selon les derniers chiffres de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Mais cela n’a pas été le cas au Maroc. Selon les dernières statistiques de l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC), les créations d’entreprises en 2009, c’est-à-dire celles immatriculées au Registre central de commerce (RCC) ont été légèrement inférieures par rapport à 2008 : 26 984 entreprises créées, contre 27 175 un an auparavant, soit une baisse de 0,7%.
Ce léger recul, dans l’ensemble, recouvre toutefois des évolutions divergentes, selon les régions. Si à Rabat-Salé-Zemmour-Zaër la baisse a été de 15%, à Taza-Al Hoceima, par exemple, les créations ont augmenté de 25%. Sur seize régions, seulement six ont enregistré des baisses de créations d’entreprises. Sauf que, précision de taille, ce sont ces six régions-là qui concentrent l’essentiel des entreprises créées. Ainsi, le Grand Casablanca, avec une baisse de 1%, représente néanmoins 34% des créations d’entreprises, soit 9 160 unités. Idem pour Tanger-Tétouan : même avec une baisse de 8% par rapport à 2008, la région enregistre 3 114 créations en 2009, soit 12% du total.
C’est quasiment dans les mêmes proportions (-1%) que se situe la baisse des intentions de créations d’entreprises : 52 810 en 2009, contre 53 205 en 2008. Ces chiffres montrent par ailleurs que seulement un certificat négatif sur deux aboutit à la création effective. Autrement dit, la moitié des projets de création d’entreprises se perd en cours de route. Et cela est surtout vrai dans le secteur des services où les intentions sont toujours plus nombreuses. Sans doute, cette «ruée» vers les services s’explique-t-elle par le peu de moyens qu’exige une création dans ce secteur. En effet, la répartition sectorielle des intentions de créations en 2009 montre que 40% des certificats négatifs concernent les services. Cette proportion baisse à 32% pour les créations effectives dans le même secteur, soit le même niveau qu’en 2008. Ce n’est pas le cas dans l’industrie où les créations effectives (6%) correspondent tout à fait aux intentions de créations (6,7%). Cela est bien normal, car dans un domaine comme l’industrie où il faut des investissements souvent importants, n’est pas porteur de projet qui veut !
La Sarl demeure la forme juridique la plus prisée !
C’est tout à fait le contraire qu’on observe dans les secteurs du commerce et du BTP et activités immobilières. Dans le commerce, les créations effectives ont non seulement augmenté en 2009 (31,6%) par rapport à 2008 (28%), mais, en plus, elles sont supérieures aux intentions de créations (25%). Même observation pour le BTP et les activités immobilières : 28,1% de créations contre 25,5% de certificats négatifs. Comment expliquer un tel phénomène ? Probablement par le fait qu’une partie des porteurs de projets dans les services finit son parcours dans les activités immobilières (qui sont aussi des activités de services) ou dans le commerce. Contrairement à ce que d’aucuns pourraient penser, opérer dans le secteur des services exige de plus en plus un savoir-faire, donc des compétences, sans parler du savoir-être… La clientèle a changé, l’entrepreneur est tenu de s’y adapter.
L’autre enseignement qui ressort des statistiques de l’OMPIC, c’est la quasi-stagnation de la forme juridique que choisissent les entrepreneurs à leur entreprise. Ainsi, la forme juridique de société anonyme n’attire toujours pas grand-monde : elle reste presque marginale à 1%, soit le même taux qu’en 2008. La société à responsabilité limitée (SARL), elle, demeure la forme juridique prédominante (60% des créations), quoique en légère baisse par rapport à 2008 (63%). Et cette baisse a profité à une forme juridique qui est en train de progresser, la société à responsabilité limitée à associé unique (SARLAU) : 37,5% des immatriculations concernent cette forme juridique contre 34% en 2008. D’aucuns peuvent se demander pourquoi un associé unique choisirait-il cette forme juridique plutôt que le régime du forfait par exemple ! Simplement parce que les mœurs évoluent. Lentement, mais elles évoluent. Les créateurs d’entreprises sont de plus en plus des diplômés, connaissent plus ou moins bien leurs droits et leurs devoirs, et n’ont donc pas envie de jouer au chat et à la souris avec le fisc ! Ajoutons à cela le fait que le gros des immatriculations concerne surtout les services et le commerce (soit 63,6 % de l’ensemble des créations), c’est-à-dire des activités où les entreprises sont de petites tailles n’exigeant généralement pas des fonds colossaux et ne nécessitant pas la réunion de plusieurs associés. Ce qui est tout le contraire des activités industrielles, par exemple…
Enfin, on ne peut pas ne pas s’interroger sur un chiffre : la faible, très faible proportion des créations dans le secteur de l’agriculture et de la pêche : 1,7% en 2009 contre… 1,7% en 2008. Pour une économie qui repose sur le secteur primaire, cela interpelle : pourquoi ce secteur, qui a tant besoin que ses produits soient valorisés, n’attire pas ?