Le Plan prévoit une croissance de 4,4 % en 2006
Le scénario de croissance est fondé sur l’hypothèse d’une année agricole moyenne, d’un baril de pétrole à 48,8 dollars, et sur la reconduction de la politique budgétaire actuelle.
Industrie, BTP, mines, transport, tourisme et télécoms devraient soutenir la croissance.
Le Haut commissariat au plan (HCP) a élaboré un budget économique exploratoire qui, comme son nom l’indique, dresse les grandes lignes de l’évolution économique du prochain exercice. Il ne s’agit pas, à proprement dire, d’un budget prévisionnel, puisque les données complètes de la Loi de finances ne sont pas encore définitivement arrêtées mais d’un exercice qui, moyennant un certain nombre d’hypothèses, éclaire sur la configuration possible de l’activité économique en 2006.
Ainsi, au cours du prochain exercice, la croissance devrait se situer à 4,4 % et l’inflation à 1,5 %, confie Ahmed Lahlimi, Haut commissaire au Plan. Le ministre des Finances, Fathallah Oualalou, avait, lui, il y a quelques semaines, estimé que la progression du PIB en 2006 serait de 5,4 %, soit un point de plus que le chiffre du HCP. Pourquoi cet écart ? «Parce que M. Oualalou a dû peut-être fonder son estimation sur des données qui ne sont pas encore parvenues au HCP, comme le niveau de l’investissement par exemple ou celui des recettes fiscales», explique un économiste. Ajoutons à cela le fait que, pour les Finances, la croissance en 2005 s’établirait à 1,8%, alors qu’elle ne dépasserait pas 1,2 %, selon le HCP. La base de départ n’est donc pas la même.
Pour la réalisation de son budget exploratoire, le HCP a construit un scénario prenant comme hypothèses une reconduction en 2006 de la politique budgétaire en vigueur en 2005, une campagne agricole moyenne (60 millions de quintaux de céréales), un cours du pétrole de l’ordre de 48,8 dollars le baril et une parité euro-dollar maintenue à son niveau actuel de 1,2.
Sectoriellement, la valeur ajoutée des activités primaires devrait s’accroà®tre, en 2006, de quelque 10 % (en passant de 21,12 milliards de DH en 2005 à 23,23 milliards en 2006) alors qu’elle a été négative de 15,2 % cette année (en passant de 24,9 milliards de DH en 2004 à 21,12 milliards en 2005).
Bon comportement des services marchands
Le secteur non agricole, lui, connaà®trait une hausse de sa valeur ajoutée de 3,6 %, contre 4,1 % en 2005. Mais, précise le HCP, en mettant de côté les services non marchands assurés par les administrations publiques dont la valeur ajoutée pourrait stagner en raison de la baisse des effectifs consécutive à l’opération des départs volontaires, les activités non agricoles marchandes (activités secondaires et services marchands) enregistreraient une croissance de 4,6 % contre 4,4% en 2005. C’est probablement à ce niveau, entre autres, que réside la différence d’appréciation entre le HCP et le ministère des Finances ; ce dernier considérant, au contraire, que les départs volontaires seraient de nature à générer un surcroà®t d’activités puisque nombre de fonctionnaires partants sont supposés se recycler dans le privé en montant des projets grâce au pécule qu’ils ont reçu.
La consommation des ménages devrait s’accroà®tre de 5,1% en 2006
S’agissant des activités secondaires (mines, énergie, industries et BTP), leur croissance, selon le HCP, devrait atteindre 4,3 %, au lieu de 3,7%, en moyenne, sur la période 2002-2005. Cet accroissement de la valeur ajoutée du secteur secondaire, le HCP l’explique par l’évolution favorable notamment du BTP et des industries manufacturières, à l’exclusion de l’industrie du textile, en butte à des difficultés découlant d’une conjoncture internationale défavorable (notamment le démantèlement total de l’accord multifibres depuis le 1er janvier 2005).
Le secteur tertaire dans son ensemble réalisera en revanche une croissance légèrement moindre (3,2 %) que le secondaire. Mais à l’intérieur de cet ensemble, les services marchands (tourisme, télécommunications, transports, commerce et activités financières) verraient leur valeur ajoutée croà®tre de 4,3 %, contre 4 % en 2005.
Ainsi, grâce à l’amélioration des activités secondaires et tertiaires, dans le contexte d’une année agricole moyenne, la consommation finale des ménages résidents devrait s’accroà®tre de 5,1 %, contre une baisse prévisible de 0,5 % en 2005. Ce qui porterait la contribution de cette composante du PIB à la croissance économique à 3 points, contre une contribution négative de 0,3 point prévue en 2005.
La consommation finale des administrations publiques, quant à elle, évoluerait «petitement» (3 %), en raison de la baisse de la masse salariale découlant de l’opération des départs volontaires. Sa contribution au PIB en 2006 accuserait de ce fait une baisse en se situant à 0,5 point contre 1 point prévu pour 2005. En revanche, la formation brute du capital fixe (FBCF), du fait de l’importance des projets d’infrastructures programmées ou en cours de réalisation, ainsi que de la baisse tendantielle des droits de douane sur les importations de biens d’équipement (démantèlement tarifaire oblige !), devrait connaà®tre une hausse de 8,4 % en 2006. La contribution de la FBCF au PIB serait de 1,7 point, légèrement meilleure qu’en 2005, indique le HCP.
Au total, l’année 2006, sauf changement fondamental de circonstances (année agricole exceptionnellement bonne, relâchement significatif des prix du pétrole, progression importante des investissements, entre autres), devrait être une année moyenne. Le taux de 4,4 % de croissance prévue (5,4 % pour les Finances) n’apparaà®t élevé que parce que celui de 2005 est trop faible (1,2 %). Tout est donc relatif. Mais ce ne sont là que les premiers calculs…