Le patronat juge le gouvernement
Hassan Chami, président de la CGEM, demande une politique plus volontariste.
«Achaque fois qu’on adopte une politique volontariste dans un secteur, on en cueille toujours les fruits». C’est ainsi que Hassan Chami, président de la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc), réagit à notre question sur les méthodes de conduite du gouvernement. Il en veut pour preuve le tourisme, actuellement sur un nuage, le secteur de l’habitat et, dans une certaine mesure, les travaux publics. S’appuyant sur ces exemples, le président du patronat appelle les pouvoirs publics à donner de la visibilité à tous les secteurs pour tirer le pays vers le haut. Pour lui, l’Etat doit aussi se montrer plus entreprenant pour régler le droit de grève, comme il l’a fait pour le code du travail, et se décider à mettre à plat la fiscalité dont le socle n’a pas bougé depuis la réforme de 1984.
C’est certainement sur ces grands dossiers que le patronat va continuer de se battre. Mais aujourd’hui, il est beaucoup plus question de retrouver des repères. Le président du patronat refuse de céder à la panique, mais avoue que l’économie est un peu dans un tourbillon provoqué, entre autres, par l’agressivité commerciale d’un certain nombre de pays d’Asie du Sud Est qui tirent leurs forces du dumping social.
La requête d’un Smig flexible réitérée
Il est quasi impossible d’évoquer ce sujet sans s’en référer au textile qui «souffre mais ne s’est pas effondré», selon M. Chami. Il considère que ce secteur peut ne pas perdre des emplois si des mesures appropriées sont prises et peut même en créer encore. Les conventions signées dernièrement entre l’Etat et des investisseurs étrangers lui en donnent la certitude. «Ces accords sont conclus parce qu’ils sont liés à des conditions particulières, s’il en était de même pour tous les investisseurs étrangers et même nationaux, ce secteur pourrait créer le double des emplois qu’il offre aujourd’hui» , argumente-il. Dans le même ordre d’idée, il estime que le textile doit suivre deux voies. D’abord le produit fini en collaboration avec des partenaires européens. L’idée est de réaliser des collections pour capter de la valeur ajoutée pour le Maroc. Mais encore faut-il que l’accès à la matière première soit facilité.
Second point, M. Chami insiste sur le fait que le Maroc ne peut pas renoncer à la vente de la minute (sous-traitance) à cause du faible niveau d’éducation de sa population. Mais pour garder les emplois, il exhorte les décideurs à créer les conditions d’une délocalisation à l’extérieur de Casablanca par exemple, notamment par la création d’un SMIG inférieur (ou rural), c’est-à-dire en fonction du contexte géographique. Le patronat croit dur comme fer qu’un tel choix est possible. Quitte à faire sortir les syndicats de leur coquille, il estime qu’une flexibilité dans la décision économique est nécessaire pour accompagner le changement .