Le Maroc qui importe la moitié de ses besoins en sucre en a exporté 4 900 tonnes en 2010
Il était notamment vendu en Mauritanie avec de gros gains, du fait d’un prix subventionné au Maroc. Désormais, toute opération d’exportation du sucre est soumise à autorisation préalable.
Les exportations de sucre ont connu une hausse astronomique en 2010. Entre janvier et novembre, en effet, elles ont atteint un volume de 4 900 tonnes, alors que sur la même période de 2009 elles avaient à peine dépassé les 14 tonnes. Certes, rapportées au volume de la consommation domestique (quelque 1,2 million de tonnes), ces 4 900 tonnes ne représentent pas plus de 0,4%. Mais en cette période de flambée du prix du sucre sur le marché international, précisément en raison du recul de l’offre consécutivement à des phénomènes climatiques défavorables, chaque kilogramme pourrait-on dire a son pesant de…dirhams !
La subvention atteint 5 DH/kg actuellement
Le gouvernement a pris dans ce sens, mercredi 23 février, deux mesures. La première porte sur l’institution d’une autorisation préalable que tout exportateur de ce produit subventionné se doit d’obtenir ; et la seconde concerne la restitution de la subvention. Il s’agit, à travers ces mesures, d’une part, d’éviter que le marché domestique ne connaisse un déséquilibre préjudiciable pour les consommateurs ; et, d’autre part, de récupérer la subvention (5 DH/kg désormais) destinée non pas à rendre compétitifs les produits d’exportation mais à soulager les consommateurs domestiques. D’ailleurs, selon des sources au ministère des affaires économiques et générales, des opérateurs ont profité de cette «compétitivité» du sucre marocain pour envoyer des cargaisons par voie terrestre en Mauritanie par exemple avec, à la clé, des gains importants. Ces derniers sont encore plus gros quand le sucre, en plus de la subvention normale des 5 dirhams, est acheté dans les provinces du Sud où il est encore moins cher.
Certes, les exportateurs de sucre ont toujours été soumis à restitution de la subvention, assure un responsable au Commerce extérieur. La douane, explique-t-il, exige à chaque opération d’exportation de cette matière un document de la Caisse de compensation attestant de cette restitution. A ceci près qu’il s’agit là d’une pratique que l’on a jugée peut-être utile de formaliser désormais. Donc, cette décision n’est pas une nouveauté à proprement parler. La nouveauté, en revanche, c’est l’institution d’une autorisation préalable d’exportation du sucre. La question est de savoir quel exportateur va-t-elle concerner: est-ce seulement le commerçant qui s’approvisionne sur le marché local, risquant de ce fait de le déséquilibrer ? Ou bien, concerne-t-elle aussi un industriel qui importerait du sucre brut, le transformerait puis l’exporterait ? – sachant, par ailleurs, que la Cosumar, elle, n’exporte pas de sucre, comme l’assure son président, Mohamed Fikrat.
Cette autorisation préalable paraît en fait destinée davantage à réguler le marché intérieur pour éviter toute pénurie plutôt qu’à récupérer la subvention; surtout que le Maroc, on le sait, importe plus de 50% de ses besoins et qu’aujourd’hui les prix ont atteint des niveaux extrêmement élevés.