La gestion de Risma repositionnée pour trouver un équilibre entre actionnaires marocains et Accor

Pour rétablir les équilibres financiers, les actionnaires de Risma reprennent le pilotage de la société.
La nouvelle direction sera opérationnelle le 1er janvier 2011.
L’équilibre financier sera rétabli dès 2010.
L’exercice 2010 sera inéluctablement une période charnière dans la vie de Risma qui a connu un changement de gouvernance. Jusqu’à fin 2009, le holding était piloté par Accor. Or, comme il doit sa rentabilité aux bénéfices enregistrés par les hôtels, il s’est retrouvé à fin 2009 avec un déficit de 150 MDH dû, en grande partie, à l’achat et la rénovation du Sofitel de Rabat qui a été fermé pendant plusieurs mois pour rénovation. De source proche du holding, on apprend que «l’investissement global s’est élevé à 1,05 milliard de DH, dont 750 millions pour l’acquisition et 300 millions pour rénovation, le tout entièrement financé à crédit».
Pour l’actionnariat de Risma constitué de grandes entreprises et institutions marocaines comme FinanceCom, RMA Watanya, Mamda-MCMA, la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) et CFG Group, ainsi que de petits porteurs, la pilule a été dure à avaler. Une séparation claire entre Risma, le holding propriétaire des murs et la société de gestion Accor Gestion Maroc s’est donc imposée et il fallait rendre ses prérogatives à la société propriétaire des murs car, selon un actionnaire de Risma, «la gouvernance de Risma était phagocytée par Accor».
Une gouvernance rénovée
Il fallait alors nommer une nouvelle présidence et une nouvelle direction générale qui donneraient plus de poids aux actionnaires dans la décision. Pour la présidence, le choix s’est d’abord porté sur Hassan Bernoussi, ancien directeur de la Direction des investissements, mais FinanceCom a préféré un homme de confiance de Othmane Benjelloun, qui plus est jouit de l’estime de tous. C’est ainsi que Azeddine Guessous a été nommé, en avril dernier, président du directoire. Pour piloter au quotidien l’entreprise, il fallait à la fois un homme d’expérience et une personne consensuelle. Le choix s’est porté sur Marc Thépot nommé vice-président du directoire, en charge de la direction générale. Ce dernier offre l’avantage de bénéficier d’une bonne réputation auprès des banquiers, de la communauté financière, des opérateurs de la place et des autorités locales.
Mais Marc Thépot est d’abord et avant tout un produit Accor. D’ailleurs, il restera jusqu’à fin 2010 à la tête d’Accor Gestion Maroc. Sa grande difficulté sera donc de sauvegarder les intérêts des deux parties : Accor et les actionnaires marocains. Un travail d’équilibriste puisque, au Maroc, Accor ne vaut rien sans Risma et vice versa. Selon un connaisseur du groupe, pour trouver la bonne entente entre les deux parties, «Accor gestionnaire» doit être stratège et laisser «Accor actionnaire» prendre du poids. Marc Thépot doit donc réconcilier les intérêts : ceux des actionnaires qui veulent des rendements à court terme et ceux des actionnaires qui veulent créer de la valeur. A présent, le challenge de devenir rentable, tout en maintenant un programme de développement raisonnable. Pour 2010, déjà, les compteurs seront remis à zéro puisque l’entreprise terminera l’année avec un équilibre financier.
Un développement axé sur des unités peu capitalistiques
La nouvelle stratégie de développement est clairement définie. Risma a décidé de finaliser les projets en cours et d’axer le développement futur sur des établissements économiques, peu capitalistiques et à forte rentabilité. «L’objectif à terme étant de ralentir considérablement le poids relatif des investissements en vue de faire bénéficier les actionnaires de la création de valeur générée par le programme mené à ce jour», nous explique-t-on auprès de Risma.
Le développement du segment économique et milieu de gamme se traduira sur 2010-2013 par l’implantation du réseau Etap Hôtel et l’extension des chaînes Ibis et Novotel. Pour ce qui est d’Etap Hotel, le holding a conclu un partenariat avec Akwa Group.
Dans une première phase, huit unités totalisant 1 100 chambres seront construites dans les principales villes du Royaume. Ce réseau d’hôtellerie économique présente l’avantage d’être peu capitalistique et de permettre un retour sur investissement rapide grâce à la combinaison de plusieurs facteurs : une incidence foncière maîtrisée grâce à la localisation en périphérie des villes, des taux d’occupation élevés (de l’ordre de 80% à terme) grâce à des prix plus bas qu’Ibis et des marges d’exploitation plus élevées. En ce qui concerne l’enseigne Ibis, il est prévu la construction de deux établissements supplémentaires à Rabat et Casablanca. Une nouvelle unité Novotel sera aussi ouverte à Casablanca. Avec ces établissements, Risma poursuit sa stratégie de rééquilibrage entre les segments affaires et loisirs. Enfin, en vue de renforcer la trésorerie du groupe et d’accélérer la distribution des dividendes, il est prévu de céder des actifs non stratégiques et arrivés à maturité pour un total de 170 chambres.
A l’horizon 2013, Risma prévoit d’exploiter un parc de près de 5 800 chambres avec un premier périmètre constitué d’une majorité d’unités arrivées à maturité générant des cash flow récurrents importants (comme les Sofitel de Marrakech ou d’Agadir) et un second périmètre comportant les unités en phase de montée en puissance.