La croissance du PIB sera très probablement inférieure aux 4% prévus pour cette année

A fin septembre, son évolution s’est établie à  2,9% n L’industrie et la construction en difficulté.
Contrairement à  l’année dernière c’est le PIB hors agriculture qui aura tiré la croissance.

L’année 2010 s’achève dans quelques semaines. La prévision d’une croissance de 4%, établie par le Haut commissariat au plan (HCP) et les Finances, sera-t-elle réalisée ? Les analystes du HCP notent une certaine atténuation, ces derniers mois, de l’activité économique par rapport au dynamisme affiché au cours des trois premiers mois de l’année. Sur le premier trimestre de 2010, en effet, la valeur ajoutée hors agriculture a crû de 6,1% en glissement annuel. Au deuxième trimestre, elle affiche une certaine modération en retombant à 4,9% et se maintient quasiment à ce même niveau (4,8%) au troisième trimestre. Il en résulterait une croissance du PIB global, à fin septembre 2010, de 2,9%, sachant que la variation de la valeur ajoutée agricole cette année est négative, compte tenu des performances exceptionnelles de la campagne agricole 2008/2009. Du coup, des conjoncturistes n’excluent pas que la croissance pour l’ensemble de l’année 2010 soit légèrement inférieure aux 4% prévus.
Ce ramollissement de l’activité concerne principalement les secteurs industriel (hors raffinage de pétrole) et de la construction. De 2,1% au premier trimestre, la hausse de la valeur ajoutée des activités industrielles (hors raffinage) s’établit à 1,1% au deuxième trimestre mais remonte à 2% au troisième. Pour la construction, le ralentissement qui marque cette activité depuis 2008 paraît se poursuivre : 1,5% à fin juin et 0,4% au troisième trimestre. Cette morosité apparaît d’ailleurs dans les activités annexes à la construction comme les carrières et les ventes de ciment dont les valeurs ajoutées n’ont respectivement augmenté que de 1,5% et 2,1% en variation trimestrielle.

Morosité dans les activités agroalimentaires

Mamoum Marrakchi, DG de Offset Polyplast qui opère dans le secteur de l’emballage, confirme que l’année est «difficile» non plus seulement dans la branche qui est la sienne, celle de l’emballage alimentaire, mais également dans la construction, une activité où le plastique est aujourd’hui très présent. «Il n’y a pas de crise à proprement parler, mais le ralentissement est là», fait-il remarquer.
Cette déclaration recoupe en quelque sorte les conclusions de l’enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib dans l’industrie où il est fait état d’un niveau actuel (fin septembre 2010) des commandes jugé encore faible, particulièrement dans les industries agroalimentaires.
Sur le plan monétaire, le ralentissement dans le secteur du BTP apparaît aussi dans les crédits à l’immobilier qui ont certes progressé de 9,1%, à fin septembre 2010 par rapport au même mois de 2009, mais on est quand même loin des taux de croissance à deux chiffres observés avant l’avènement de la crise internationale. Cela dit, les activités du secteur secondaire ne sont pas toutes logées à la même enseigne ; elles évoluent à des rythmes différents. Les exportations de phosphates et dérivés, à fin septembre, ont augmenté de 84% à 26 milliards de DH. Plus globalement, la valeur ajoutée du secteur secondaire devrait croître de 5,5% pour l’ensemble de l’année, selon les prévisions des Finances, contre une baisse de 4,7% en 2009.
Le secteur tertiaire, lui, continue de progresser, il devrait enregistrer au terme de l’année 2010 une croissance de 5% contre 3,9% en 2009, selon les estimations du ministère des finances. En particulier, les activités touristiques poursuivent leur embellie amorcée depuis fin 2009. A fin septembre 2010, les recettes de voyages ont progressé de 6,4% mais il faudra compter avec l’atténuation du rythme de progression de l’activité touristique pour les derniers mois de l’exercice, en liaison avec la conjoncture internationale.

Les crédits à l’équipement en hausse de 24,4% et ceux de la consommation de 9,5%

Au total, en dépit des différences de rythmes de progression des activités hors agriculture, ce sont bien celles-là qui portent la croissance de 2010, revenant ainsi à leur niveau d’avant la crise internationale, soit près de 5% (voir graphe).
Mais, qui tire ces activités ? Comme toujours, c’est la demande interne, c’est-à-dire l’investissement et la consommation. Selon le HCP, la formation brute du capital fixe (FBCF) a augmenté de 7,1% sur le premier semestre de cette année ; elle évoluera à 9,5% à la fin de l’année, estime le ministère des finances. L’évolution des crédits à l’équipement consentis par le secteur bancaire semble conforter cette orientation favorable : +24,4% à fin septembre 2010, selon les données de l’Institut d’émission.
Concernant la consommation, les dépenses des ménages continuent leur progression, quoiqu’en légère décélération au deuxième trimestre (4,8%) par rapport au premier trimestre (5,1%), mais l’indice de confiance des ménages demeure élevé de 1,2 point par rapport au début de l’année. Les crédits à la consommation ont connu une hausse de 9,5% à fin septembre 2010 par rapport à la même période en 2009. Malgré tout, la consommation des ménages demeure le moteur principal de la croissance économique (54% du PIB nominal en moyenne entre 2005 et 2009). Pour l’ensemble de l’exercice 2010, elle devrait augmenter de 7,2%, contre 4,2% en 2009, portant sa contribution à lévolution du PIB à 4 points, contre 2,8 points en 2009.