Irrigation : 13 000 ha privés d’eau à  Ouled Taïma

Une panne au niveau de l’adducteur principal est la cause de l’arrêt de l’approvisionnement.
L’Office de mise en valeur agricole de Souss-Massa a lancé des travaux pour y remédier.
Certains des 1 200 agriculteurs concernés ne veulent pas régler leurs arriérés et l’office refuse de les approvisionner.

Près de 1 200 agriculteurs dans la région d’Oulad Taïma sont privés d’eau d’irrigation depuis trois semaines. La raison : une panne au niveau de l’adducteur principal qui achemine l’eau vers les champs à partir du barrage Abdelmoumen. Au total, ce sont les 13 000 hectares du périmètre d’Issen composé de 8 560 ha modernes irrigués selon le système de goutte-à-goutte et 4440 ha traditionnels desservis par des canaux d’irrigation qui ne sont plus alimentés. «L’approvisionnement en eau est interrompu au moment où on venait d’entamer la campagne agricole», se plaint un agriculteur de la région. La canalisation est tombée en panne un mois à peine après sa remise en service, précise-t-on.
A l’Office régional de mise en valeur agricole (ORMVA) de Souss-Massa, on reconnaît que l’adducteur ne fonctionne pas depuis quelques semaines. «Après un long arrêt, il est normal qu’il y ait des anomalies au moment de la relance de la canalisation principale», justifie-t-on auprès de cet office, sans aucune précision sur la nature de ce problème technique. On signale, toutefois, que les travaux sont en cours pour réparer la panne le plus rapidement possible.
Un ingénieur agronome évoque même une défaillance technique structurelle de tout le barrage Abdelmoumen. Il rappelle que «des travaux de réaménagement portant sur un kilomètre de canalisations ont été réalisés au niveau précisément de la commune d’Issen, quelque peu avant cette récente panne». Mise en eau depuis 1981, cette infrastructure a démontré ses limites en raison d’un déficit chronique en réserves hydrauliques et de la répétition de problèmes techniques. C’est d’ailleurs pour cette raison que la ville d’Agadir a cessé de l’utiliser pour ses approvisionnements en eau potable, au profit du barrage Tamri situé sur la route d’Essaouira.
Les précipitations de l’année dernière ont cependant permis de constituer un stock en eau qui a redonné espoir aux agriculteurs du périmètre irrigué d’Issen. L’Ormva de Souss-Massa a ainsi ouvert les vannes et a exigé que, tant qu’elle n’est pas assez abondante, l’eau aille en priorité à la préservation de la culture existante, en premier lieu l’arboriculture qui a sérieusement souffert durant la période de vaches maigres. Cette consigne n’a cependant pas été respectée. Et les agriculteurs ont exploité à fond les ressources. Mais pas pour longtemps, à cause de cette panne de l’adducteur.

Bras de fer entre l’office et les exploitants à propos du paiement des factures d’eau
Les soucis des agriculteurs ne sont pas réduits à cet incident technique. En effet, au moment de la réouverture du réseau, l’ORMVA avait suspendu l’approvisionnement en eau pour les agriculteurs qui avaient des retards de paiement de la facture relative à leur consommation antérieure. Cette décision est tout à fait logique, selon cet office. «On ne peut pas alimenter en eau les clients qui refusent de régler leur facture sachant qu’on leur avait accordé précédemment des facilités de paiement comme le rééchelonnement des dettes…», explique un responsable. Ce dernier précise, cependant, que «l’office avait opté pour le règlement à l’amiable de ce problème». Les agriculteurs ne nient pas cette version. Néanmoins, ils mettent l’accent sur le fait que l’office percevait les échéances majorées des intérêts au titre du rééchelonnement des impayés, tout en sachant que les agriculteurs ne sont pas approvisionnés en eau. «Pourquoi n’accorde-t-on pas une ristourne sur les intérêts tant que le réseau est en panne?», s’interroge un agriculteur.
En réalité, plusieurs agriculteurs ont arrêté le paiement des arriérés à la suite des interruptions récurrentes du réseau. «Pourquoi continuer à verser la contribution à la construction des équipements de canalisation alors que le système est en arrêt depuis très longtemps», ajoute un autre agriculteur qui fait savoir que certains de ses voisins ont même demandé une période de grâce pour la durée où le réseau était en stand-by, en vain. L’office est resté ferme, conditionnant la reprise de l’approvisionnement par le paiement des dettes.
Il reste que le plus urgent concerne d’abord la réparation de l’infrastructure hydraulique. L’office affirme que ce n’est qu’une question de semaines. Les agriculteurs eux posent le problème de la récurrence des pannes en dépit de multiples interventions sur la canalisation. Affaire à suivre.