Investissements directs étrangers : le Maroc a reçu 231 milliards de DH en dix ans

La France et l’Espagne sont les premiers partenaires du Royaume.
Les télécoms, l’industrie, l’immobilier et le tourisme sont les principaux secteurs visés.
Depuis deux ans, la tendance est à la baisse sous l’effet de la crise financière internationale.
C’est certainement son tout premier gros chantier depuis son démarrage effectif en juillet 2009. L’Agence marocaine de développement des investissements (AMDI) a lancé une vaste campagne de communication en France et en Espagne. L’objectif de cette campagne, dont les détails ont été dévoilés lundi 21 juin, lors d’une conférence de presse tenue à Rabat, conjointement par le ministre de l’industrie, du commerce et des nouvelles technologies, Ahmed Chami, et le DG de l’AMDI, Fathallah Sijilmassi, est de modifier de manière positive le regard que portent les investisseurs de ces deux pays sur le Maroc. Le choix n’est pas fortuit. La France et l’Espagne sont les deux premiers partenaires commerciaux du Royaume et sont à l’origine de plus de 50% des investissements directs étrangers qui y sont réalisés. Cette campagne vient à point nommé parce que depuis deux ans les investisseurs s’aventurent moins à l’étranger en raison de la crise financière internationale. D’ailleurs, les IDE ont accusé une chute de 39% dans le monde en 2009. Le Maroc a également subi un revers, même si son recul (27%) est moins prononcé et qu’il s’en sort mieux que la Tunisie (-32 %) ou la Turquie (-61%). Mais pour Ali El Yaacoubi, chef du département études et coopération à l’AMDI, il faut aller au-delà du conjoncturel et analyser le passé pour apprécier l’évolution des IDE au Maroc. Il est vrai que durant ces vingt dernières années, ils ont évolué très favorablement. Entre 1990 et 1994, la moyenne annuelle des IDE était de 3 milliards de DH. Elle est passée à 8 milliards entre 1995 et 1999, pour atteindre 16 milliards entre 2000 et 2004 et 28 milliards entre 2005 et 2009. On remarque ainsi que depuis le début de la décennie 2000, le rythme s’est considérablement accéléré, d’abord sous l’effet des privatisations et ensuite grâce à la stratégie menée dans le tourisme (voir graphe). De 5 milliards de DH en 2000, les fonds venus de l’extérieur ont fait un bond et représentaient 32,5 milliards l’année suivante. Ceci s’explique par le chèque de 23 milliards de DH versé par Vivendi pour entrer dans le capital de Maroc Telecom. Le soufflé est retombé l’année d’après. Ensuite, c’est avec la privatisation de la Régie des Tabacs qui a rapporté 14 milliards de DH que le montant des IDE s’est redressé pour atteindre 23,3 milliards. Et depuis le creux de 2004 (9,5 milliards de DH), jamais ils ne sont redescendus en dessous des 20 milliards de DH, avec un pic de 37,6 milliards en 2007.
Forte poussée des pays arabes
Sur les 10 dernières années, la France (de loin en tête) et l’Espagne ont réalisé 63 % du total. Les pays arabes du Moyen-Orient, qui totalisaient tout juste 1% des IDE en 1999, sont montés en puissance pour atteindre 28 %. Le reste est éparpillé entre plus d’une vingtaine de pays. Dans la zone Europe, la Grande-Bretagne est en troisième position, mais ses investissements sont ramenés à un plus d’un milliard de DH en 2009, moins que la Suisse (1,1 milliard) et l’Allemagne (1,3 milliard), des pays dont les industriels sont aussi solidement implantés au Maroc.
De manière globale, la zone Europe a injecté, entre 2000 et 2009, 195 milliards de DH sur un montant global de 231,4 milliards. Elle est suivie de loin des pays arabes avec 26 milliards et l’Amérique 8,3 milliards.
Du point de vue sectoriel, les ressources sont principalement allées vers les télécoms (51 milliards), l’industrie (43 milliards), l’immobilier (36 milliards), le tourisme (34,6 milliards) et les banques (14,7 milliards).
En dehors des télécoms où des opérations capitalistiques ont été réalisées sur Méditel et Inwi, et de l’industrie, les trois autres secteurs ont enregistré des replis assez consistants en 2009, dans un contexte de crise mondiale. Dans l’immobilier, la contraction est de 36%, à près de 6 milliards de DH. Le secteur financier et le tourisme ont enregistré 20 et 46% de moins qu’en 2008, à 4 milliards et 3,1 milliards de DH. C’est cette tendance à la baisse constatée depuis deux ans qu’il faut maintenant enrayer. Le secteur de l’énergie présente d’intéressantes opportunités. Mais pour attirer davantage de ressources extérieures, il faudra diversifier les sources et mieux vendre des secteurs comme l’agriculture.