Inondations : Mohammédia sécurisée, Berrechid et Nouacer pas encore

800 MDH déjà dépensés
Le barrage de Boukerkour a été livré
Casablanca reste sous
la menace de l’oued Bouskoura.
Trois ans après les graves inondations qu’a connues la région centre, Mohammédia en particulier, cette région est-elle suffisamment protégée contre ce type de catastrophes naturelles ? Selon les informations fournies par le secrétariat d’Etat chargé de l’Eau, il semble que les risques se sont considérablement amoindris. En effet, depuis novembre 2002, 800 MDH ont été dépensés dans la construction de différents ouvrages d’art, dont le plus important est le barrage de Boukerkour (à quelques kilomètres de Ben Ahmed), qui a coûté plus de 230 MDH (hors coût d’expropriation). Ce barrage constitue la pièce maîtresse du dispositif permettant de sécuriser les 1 800 km2 de bassin versant dont les eaux déferlent essentiellement sur Mohammédia en cas de fortes précipitations.
Dans les faits, la livraison de ce barrage permet de protéger 1 200 km2. Le reste est protégé grâce aux différents ouvrages réalisés à l’intérieur de la ville (canal de délestage, digue de protection de la Samir et ouvrages pour protéger les boulevards Sidi Mohamed Benabdellah et Chefchaouni, notamment au niveau du pont portugais…).
Grand barrage programmé sur l’oued El Maleh
En définitive, Mohammédia peut supporter, sans trop de dégâts, un débit de 140 m3/s, le niveau qui a d’ailleurs été relevé le 14 novembre 2002 et qui est allé en s’aggravant les jours suivants. Mais aujourd’hui, avant qu’on n’en arrive là, le débit sera largement contrôlé en amont (dès le bassin versant) puisque la capacité de stockage du barrage est de 57 millions de m3.
Et ce n’est pas tout. A l’Est, dans la région de Aïn Tekki, un canal (presque entièrement souterrain), d’une longueur de plus de 3 km, est également achevé. Mais il risque de ne pas servir à grand-chose tant que la ville n’aura pas réalisé le tronçon complémentaire de 1,2 km. Côté Mohammédia Ouest-Chellalate, un barrage collinaire sur l’oued Hassar est désormais opérationnel, et un autre est à l’étude en aval de l’oued El Maleh.
Trois barrages prévus dans la région de Berrechid
En somme, la ville est mieux protégée contre le risque d’inondations même si elles devaient être aussi exceptionnelles que celles de 2002. Mais que l’on se tienne bien. Il est impératif de construire un grand barrage sur l’oued El Maleh si l’on veut la protéger contre des crues millénales. Selon le département chargé de l’Eau, cela est effectivement prévu dans les actions à moyen terme.
Cela dit, la région centre n’est pas sécurisée pour autant. Quid, en effet, de Ben Ahmed, Settat, Berrechid et, ne l’oublions pas, de Casablanca ? Pour Ben Ahmed, un canal enterré en béton à travers la ville (sur 3,4 km) a été réalisé, portant la protection à 86 m3/s (crue centennale). Pour Settat également, explique-t-on au département chargé de l’Eau, le doublement du canal qui évacue l’eau de l’oued Boumoussa permet désormais un transit de crue de 200 m3/s au lieu de 100 m3/s auparavant.
Il n’en demeure pas mois que cette région reste vulnérable. A titre d’exemple, à chaque saison de fortes pluies, la route reliant Settat à Marrakech est systématiquement coupée à hauteur de Sidi Laïdi. L’autoroute n’est pas épargnée. D’autres ouvrages devraient donc venir renforcer les protections existantes, comme le barrage de moyenne importance dont les travaux viennent de commencer sur le lit de l’oued Al Haimeur.
Pour Berrechid, notamment la zone industrielle, qui a connu des dégâts lors des dernières inondations, la digue d’un kilomètre, couplée à un canal d’évacuation, est encore insuffisante pour protéger une région qui constitue un point de convergence de plusieurs lits d’oueds : El Haimeur, Mazer, Boumoussa, Tamedrost… Trois barrages sont par conséquent prévus dans la région, dont celui d’El Haimeur, en chantier depuis deux mois.
Concrètement, il s’agit de protéger non seulement Berrechid, mais aussi Nouaceur, l’aéroport Mohammed V et en partie Casablanca.
La tâche est encore immense, et ce n’est pas le département de Abdelkebir Zahoud, qui déplore le manque de moyens, qui dira le contraire. Pour les responsables de ce ministère, le problème est justement de savoir où puiser les 700 MDH nécessaires pour s’attaquer à la sécurisation de cette partie de la région centre. Il faudra pourtant faire vite, surtout, explique le ministre, qu’en matière de protection contre les inondations, le dispositif préconisé doit être totalement mis en place car les ouvrages fonctionnent comme des relais dont chacun assure la pérennité de l’autre et donc de la chaîne entière.
L’oued Bouskoura peut faire des dégâts
A voir le mince filet d’eau dans le lit de l’oued Bouskoura, on a du mal à mesurer le danger qu’il fait peser sur Casablanca, mais il suffit de se souvenir des crues de janvier 1996 pour s’en convaincre. Les eaux avaient inondé, entre les 21 et 25 janvier de cette année, l’Ecole Hassania, l’annexe LPEE (Laboratoire d’essais publics et d’études) et le club de l’OCP et, bien entendu, les quartiers environnants. L’oued Bouskoura menace une partie de la ville, allant du quartier Sidi Maârouf aux boulevards Houphouët Boigny et des Almohades puisque son exutoire est l’Atlantique. Il passe aussi par la route d’El Jadida et le quartier Maârif. Une étude de la Lydec préconise, pour protéger la ville, la construction d’un canal de 8 km, mais pour l’heure rien n’est encore fait. Il faudra en effet trouver les moyens de financement d’un tel ouvrage dont le coût est estimé à quelque 450 MDH