Finance participative : aucune société de financement n’a demandé d’agrément !

RCI Maroc, annoncée officiellement comme candidate, ne s’est finalement pas mise sur les rangs. Les filiales de banque ne se positionnent pas pour éviter que leur offre ne cannibalise celle de leur société mère.

Les sociétés de financement ne se sont pas bousculées au portillon pour demander des agréments en matière de finance participative. Seule une société spécialisée, à savoir la captive de financement de Renault, RCI Maroc, figurait parmi les candidats annoncés officiellement par Bank Al-Maghrib, depuis juin dernier. Mais même celle-ci a fait savoir ces derniers jours à La Vie éco qu’elle n’est pas demandeuse d’un agrément. Selon les échos du marché, RCI, tout en étant effectivement intéressée par la finance participative, a étudié la possibilité de se faire autoriser pour exercer sur ce nouveau marché, mais a décidé finalement de ne pas se mettre sur les rangs.

La question se pose de savoir pourquoi les sociétés de financement ont choisi pour l’instant de rester à l’écart. Plusieurs raisons sont avancées par les spécialistes. La réponse est relativement évidente pour les sociétés adossées à des groupes bancaires. «Dans la mesure où ceux-ci sont déjà candidats à l’obtention d’un agrément pour exercer dans la finance participative (toutes les banques commerciales, hormis Al Barid Bank, ont déposé des demandes), ils se concurrenceraient eux-mêmes s’ils font autoriser en plus leurs sociétés de financement», font savoir les professionnels. «Le risque de se marcher sur les pieds est d’autant plus important qu’il s’agit d’un marché naissant», estime le directeur d’un futur établissement participatif, qui ajoute que «les opérateurs seront déjà à l’étroit si tous les demandeurs décrochent effectivement un agrément».

Les sociétés non adossées à des banques manquent de moyens

Pour ce qui est maintenant des sociétés non filiales de banques, leur attentisme s’expliquerait principalement par un manque de moyens, selon les spécialistes. «Le souci premier pour la majorité des sociétés spécialisées est aujourd’hui de maintenir leur activité à flot dans un contexte de forte concurrence des banques sur le prêt personnel. Elles ne sont donc pas en position de se lancer sur ce nouveau segment qui appelle des investissements non négligeables», explicite-t-on. A ce titre, précisons que la nouvelle loi bancaire dispose que les sociétés de financement ne peuvent exercer les activités de finance participative qu’à titre exclusif. Cela veut dire qu’elles sont obligées de créer des entités distinctes pour abriter ces activités, selon BAM. Ceci alors que les banques ont de par la loi la possibilité d’offrir leurs produits islamiques à travers leur réseau existant dans le cadre des fenêtres de service. Une situation d’autant plus contraignante pour les sociétés de financement qu’elles n’ont pas le droit de collecter des dépôts participatifs, ce qui, plus que le financement, représente le réel attrait de la finance participative pour les établissements de crédit.