Une panne de croissance s’installe chez Salafin

En deux ans, Salafin passe du statut de valeur de croissance à celle du rendement avec une capacité de résilience louable dans un contexte difficile.
Il est parfois des paliers de croissance tenaces qu’on n’enjambe pas aussi facilement que les parapets antérieurs. C’est ce que Salafin semble bien traverser depuis deux ans, après avoir habitué le marché pendant une décennie à des sauts prodigieux.
Certes, le management explique le surplace du résultat net au voisinage de 100 MDH par une «action stratégique» de sélectivité de la production, dans un contexte sectoriel des plus difficiles. Mais la filiale de BMCE Bank accuse à l’issue de l’exercice précédent un sérieux retard par rapport aux perspectives de son introduction en Bourse en fin 2007. Aussi, les différents agrégats 2010 correspondent à peine à ceux de 2008 que le business plan de l’IPO faisait miroiter ! Le point culminant de ce retard se situe au niveau de l’encours financier qui, contrairement aux 5,5 milliards envisagés, stagne à 2,6 milliards de DH. Le résultat brut d’exploitation, non plus, n’est pas du reste. Malgré un sursaut de 7%, l’ayant porté à 215,5 MDH, il reste très loin des 320 MDH du dit business plan, qui misait sur des synergies importantes avec la maison mère dont le réseau devait générer la moitié de la production de crédits. On en est visiblement loin du compte puisque l’encours n’a point décollé comme anticipé.
Au demeurant, malgré l’absence de résultats probants d’une telle stratégie, l’analyse de la performance intrinsèque de 2010 fait transparaître une certaine résilience, voire amélioration des marges, comme en attestent les évolutions positives de la marge opérationnelle (+4,4 points, à 24%) et la marge nette (+1,4 point, à 11,2%). Il en va de même pour le coefficient d’exploitation qui, en étant quasi-stable à 26,7%, demeure l’un des meilleurs du secteur. Seul le ratio de rentabilité des fonds propres (ROE) lâche du lest en se situant à 16,7% contre 18,1% un an auparavant.