Fiat entend continuer à  produire la voiture économique jusqu’à  fin 2005

Le business-plan du constructeur italien se déroulait jusqu’en 2008.
Renault et Fiat pourraient cohabiter si leurs voitures économiques ne se
font pas de l’ombre.
Somaca sera difficile à gérer si aucun actionnaire ne détient
la majorité absolue.

L’industrie automobile vit une phase de transition délicate. En effet, la voiture familiale de Renault, qui a récemment acquis 38% de la SOMACA, ne sera pas commercialisée au Maroc avant la fin 2005. La convention liant le Maroc à Fiat pour la production de la voiture économique prend fin, elle, fin décembre 2003. Entre ces deux dates, se pose la question de la transition et du risque de se retrouver sans voiture à prix abordable sur le marché. En clair, l’Etat et le constructeur italien renouvelleront-ils la convention jusqu’à fin 2005 et dans quelles conditions ?
Si rien n’est encore arrêté, l’ensemble des professionnels du secteur s’accorde à dire que, vraisemblablement, Fiat, détenteur de 20% du capital, poursuivra le montage à la Somaca jusqu’à la mise en route du projet industriel de Renault.
On s’attend aussi à ce que les négociations relatives à la poursuite de la production portent sur les problèmes de récupération de la TVA par Fiat ou encore sur le renouvellement ou non des modèles Palio et Siena dont le lancement mondial aura lieu en mars 2004. En effet, la production de nouveaux modèles suppose des investissements en équipements spécifiques de montage. L’amortissement de ces investissements demeure lié à la durée de production de la voiture économique en attendant la production effective, sur les chaînes de montage de la SOMACA, de la Dacia familiale de Renault. Pour rappel, le business-plan qu’avait présenté Fiat Auto au gouvernement en mars dernier prévoyait le renouvellement de la convention pour une période de 5 ans. Aujourd’hui, l’idée de continuer la production d’un des modèles de Fiat à côté de ceux de Renault, dans le cas où il ne serait pas concurrentiel à sa voiture familiale, est même évoquée.

Renault pourrait acquérir les 14% de la SOMACA détenus par les actionnaires marocains
Dans tous les cas, la gestion de la Somaca sera délicate. Aujourd’hui, le capital de la société est aux mains de trois constructeurs automobiles pouvant avoir des intérêts divergents sur le marché marocain. De plus, aucun des trois ne possède pour le moment la majorité absolue.
En effet, Renault a acquis 38 % de la chaîne de montage. Elle possède également, via sa filiale marocaine, Renault Maroc, 8 %, ce qui lui fera en 2005 un total de 46%. Mais cela ne lui permet pas d’avoir les coudées franches pour mener la barque. Ce ne sera le cas que si elle s’adjuge les 14 % détenus par des privés marocains. Seulement, le groupe français n’a pas encore exprimé ses intentions sur ce paquet.
Jusqu’à une date récente, les privés marocains se sont comportés en «sleeping partners» («actionnaires dormants»). Aujourd’hui, ils commencent, selon des sources proches de l’entreprise, à manifester un intérêt grandissant après l’annonce de la cession des actions de l’Etat à Renault. Rappelons que ces actionnaires avaient été approchés par le département de la Privatisation, pour céder leurs participations, en même temps que l’Etat, dans le cas d’une entrée dans le capital d’un outsider, en l’occurrence Proton.
D’après les simulations des intervenants dans le secteur automobile, il n’est pas exclu qu’il y ait un pacte d’actionnaires entre Renault et Peugeot qui détiennent, chacun, 20 % de la Somaca, en vue de faciliter la gestion de l’entreprise. Mais s’il y a entente entre Fiat et Peugeot, la marque au losange aurait la vie difficile. Dans une déclaration à la presse, Louis Schweitzer, président de Renault, affirmait, mercredi 17 septembre : «Si nos intérêts peuvent diverger dans le domaine commercial avec les autres actionnaires de la Somaca, nous avons en revanche des synergies à développer pour ce qui est du domaine industriel et de la gestion des fournisseurs de la pièce. Je préciserai que, dans d’autres pays, nous partageons également l’outil industriel avec d’autres constructeurs, parfois même avec Toyota qui est un concurrent très redoutable».
Rappelons que le choix de l’Etat s’est porté sur Renault parce que son offre présentait un projet intégré jusqu’en 2015, donc après la fin du démantèlement en 2010. En revanche, le constructeur italien ne voulait pas s’engager au-delà de cette date. Toutefois, son expérience aura au moins permis de mettre l’outil de production Somaca aux normes de qualité internationales et de préparer les équipementiers à l’ouverture des frontières. Espérons que l’épreuve de Renault aura plus de chances de réussite en termes de conquête du marché intérieur et à l’exportation