Exportations textiles : bagarre de chiffres entre l’Office des changes et les industriels

Pour l’office, la baisse en 2009 est de 5,7%. Pour les industriels, elle dépasse les 20%.
Malgré les crises répétitives, les entreprises n’ont pas encore fait leur révolution vers la co-traitance.

L es exportations de produits textiles (confection et bonneterie) ont accusé une baisse de 5,7% en 2009 par rapport à l’année précédente, à 24,14 milliards de DH. Ce sont du moins les chiffres, on ne peut plus officiels, communiqués tout récemment par l’autorité habilitée en la matière qu’est l’Office des changes à fin décembre. Pourtant, comme cela est devenu une habitude depuis quelques mois, beaucoup d’industriels et leur association, en l’occurrence l’Amith, affirment ouvertement leur désaccord avec ces chiffres comme cela avait été le cas pour ceux d’octobre et de novembre. Nombreuses sont les entreprises, contactées, qui déclarent, en effet, avoir enregistré un recul variant entre 20 et 30% du chiffre d’affaires. De plus, les industriels du secteur renvoient vers les chiffres d’EuroStat qui, eux, révèlent une baisse de 17% des exportations textiles marocaines sur les marchés européens.
Quoi qu’il en soit, si l’on se réfère aux chiffres de l’office, qui font foi, on retiendra que les deux principales filières de cette industrie, la confection et la bonneterie, ont enregistré une baisse en valeur respective de 6,5% et 3,1% par rapport à 2008, à 17,68 et 6,45 milliards de DH. «Ce qui est tout à fait normal en raison des efforts que les industriels ont dû faire sur les prix pour rester compétitifs et aussi pour sauvegarder leurs marchés», commente un industriel.

Seulement 300 entreprises ont recouru aux mesures de soutien

Contrairement à la bonneterie dont le volume des exportations a augmenté de 21,1% par rapport à 2008, la confection a plutôt enregistré une contraction de 14,8%. Cela s’explique par le fait que les commandes décrochées, parfois difficilement, par les industriels ont surtout porté sur le réassort. Mais au-delà de cette explication, cette baisse révèle, selon un observateur, que l’offre du Maroc n’a pas évolué. «Les entreprises n’ont malheureusement pas tiré les leçons de cette crise pour s’adapter aux nouvelles donnes du marché mondial du textile. Au lieu de chercher des marchés, il est préférable que les industriels cherchent le bon produit !», commente-t-il. Et la tendance aujourd’hui est au produit de mode à un prix compétitif et au développement de la co-traitance car les donneurs d’ordre veulent de moins en moins prendre en charge le volet industriel.
Les opérateurs marocains ne semblent pas avoir beaucoup investi dans ce sens dans la mesure où de grandes entreprises exportatrices acceptent toujours de produire en sous-traitance.  
Paradoxalement, les mesures de soutien mises en œuvre en février 2009 n’ont attiré que 300 parmi les 1 650 unités que compte le secteur. Il faut espérer qu’elles seront plus réactives pour les nouveaux programmes de l’ANPME, destinés à l’accompagnement et le financement des projets que sont Moussanada et Imtiaz. L’agence, en tout cas, n’a pas lésiné sur les moyens pour promouvoir ses nouveaux produits.