Enfin une feuille de route pour l’emploi
Le plan présenté par le gouvernement a été bien accueilli
Les mesures d’ordre fiscal ou réglementaire seront incluses dans la Loi de finances 2006
L’Observatoire de l’emploi sera chargé du suivi, du contrôle et de l’évaluation des opérations.
Les journées «Initiatives emploi», qui se sont déroulées à Skhirat les 22 et 23 septembre 2005, avaient démarré dans une ambiance teintée de scepticisme, elles se sont closes dans l’enthousiasme.
Scepticisme parce que, si le taux de chômage trône à plus de 11%, il est de 26,5% en milieu urbain et un diplômé sur 4 ne travaille pas ; parce que les expériences précédentes pour relancer l’emploi ont échoué en raison d’un certain amateurisme dans la mise en Å“uvre et le suivi des programmes, et parce qu’il y a eu des défaillances dans la gestion de ces programmes. De plus, aucune évaluation des précédentes expériences n’avait été faite, et les syndicats estimaient de ne pas avoir été consultés, ou pas suffisamment. Dans ces conditions, les débats ne pouvaient être qu’animés. Surtout après le discours du premier ministre Driss Jettou, perçu d’abord comme un simple appel, un de plus, à la mobilisation.
Enthousiasme, car à l’issue de deux jours de travail, le premier ministre aura réussi à convaincre l’assistance et les professionnels qu’il s’agit là d’une affaire sérieuse que le gouvernement compte mener à terme en y mettant les moyens qu’il faut, et en assurant le suivi permanent. Et, qui plus est, la plupart des membres du gouvernement étaient présents et ne se sont pas contentés de faire des apparitions, mais ont suivi durant les deux jours l’avancement des travaux. Même le ministre de l’Emploi, Mustapha Mansouri, d’habitude si discret, a fait un effort en matière de communication.
L’Anapec est réhabilitée
La montagne n’a donc pas accouché d’une souris, comme le craignaient quelques participants, et au vu des mesures annoncées, des outils qui sont en train d’être mis en place ou d’être revus, ainsi que des recommandations, on est en droit d’espérer. Non pas de vaincre le chômage et la précarité, l’économie ne créant pas encore assez de richesses pour cela, mais d’insérer un nombre important de chômeurs, notamment des jeunes diplômés. C’est là l’esquisse d’une politique d’insertion qu’il va falloir à présent concrétiser. Certes, s’agissant des mesures pour promouvoir l’emploi, on n’a pas inventé la poudre puisque les recettes sont connues, mais un esprit nouveau est là , et une rupture est en train de s’opérer.
D’abord au niveau du financement. Le premier ministre a bien pris soin d’annoncer, dès le discours d’ouverture, l’enveloppe consacrée à cette opération, soit 2 milliards de DH, et de préciser que toutes les mesures d’ordre fiscal ou réglementaire seront incluses dans la Loi de finances 2006. Il s’agit précisément des exonérations en faveur des entreprises des charges sociales durant deux ans pour encourager l’insertion des diplômés à la recherche d’un premier emploi, et du relèvement du plafond d’exonération de l’IGR de 4 500 à 6 000 DH.
Pour sa part, la baisse du capital minimum de la SARL de 100 000 à 10 000 DH devrait passer par une modification de la loi régissant ce type de société.
Ensuite, pour ce qui est de l’appui à la création d’entreprises, il y a l’instauration d’une aide de 10 000 DH pour financer les études pour les porteurs de projets dont le montant d’investissement ne dépasse pas 250 000 DH.
L’accès au financement bancaire a été facilité (une convention a été signée avec les principales banques). Les porteurs de projets peuvent désormais bénéficier d’une avance allant jusqu’à 10 % du montant de l’investissement et plafonnée à 15 000 DH, remboursable sur 6 ans, avec un différé qui peut aller jusqu’à 3 ans et une garantie de la CCG (Caisse centrale de garantie) à hauteur de 85 %. De telles dispositions ont été décidées dans le but de permettre aux porteurs de projets de bénéficier d’une période de grâce et de ne pas crouler dès le départ sous le poids des échéances bancaires.
Enfin, et c’est le plus important, l’Anapec (Agence nationale de la promotion de l’emploi et des compétences) est placée au cÅ“ur de ce dispositif en ce sens qu’elle devra agréer et accompagner tous les projets. A en juger par l’estime dont jouit son nouveau DG dans le monde de l’intermédiation, qui est partie prenante dans cette opération, par les réformes engagées pour restructurer l’agence et étendre son champ d’action, et par la coopération avec les bureaux privés de recrutement et de formation, il y a lieu de croire qu’une page nouvelle est ouverte.
Reste la crainte exprimée ici et là par tous : le suivi, le contrôle et l’évaluation de ces opérations. C’est le rôle qui reviendra à l’Observatoire de l’emploi, dont la création est annoncée. Mais on attend toujours une date précise.