Emploi : les pistes sur lesquelles planche le gouvernement

Quatre commissions s’activent pour préparer les propositions à soumettre aux assises

Les associations de micro-crédit bénéficieraient du renouvellement
de l’exonération de TVA

L’Etat compte favoriser l’auto-emploi
en prenant en charge 10 % du montant des projets d’investissement.

Les Assises nationales de l’emploi, qui auront lieu les 22 et 23 de ce mois, apporteront-elles des solutions à même de juguler le chômage – surtout des jeunes – qui frappe quelque 11 % de la population active ? Quatre commissions sont à pied d’œuvre pour explorer des pistes à soumettre aux assises. Il s’agit des commissions auto-emploi, adéquation formation-emploi, mesures incitatives à l’emploi et réforme du marché du travail. Autant dire, au vu de l’intitulé de ces commissions, que l’Etat n’emploiera plus – on y insistera d’ailleurs au cours de cette rencontre – et que par conséquent son rôle sera celui de facilitateur.
Quelles sont justement les mesures de facilitation à prendre qui permettraient de faire se rencontrer l’offre et la demande sur le marché du travail ?

Meilleure coordination entre l’Anapec et les entreprises
Au chapitre de l’auto-emploi, l’objectif est de parvenir à un « flux important de projets», dixit un responsable au ministère des Finances, et pour cela, dit-il, l’Etat compte encourager les banques à s’impliquer encore plus dans le processus de création d’entreprises. Pour le moment, on ne veut pas s’étendre davantage sur le comment de cette implication, en précisant néanmoins que la question d’une utilisation optimale par les banques des fonds de garantie existants se pose avec acuité. Beaucoup ne comprennent pas en effet pourquoi, en dépit du fait que, depuis février 2003, la garantie institutionnelle est passée de 50 % à 85% en matière de crédit à la jeune entreprise et à l’auto-emploi, les banques demeurent toujours réticentes à accompagner ce type de projet.
En tout cas, une des propositions qui sera soumise aux participants aux Assises de l’emploi, à propos de l’aide à l’auto-emploi, porte sur la prise en charge par l’Etat de 10% du montant – plafonné à 250 000 DH – de tout projet de création d’entreprise, dont le plan d’investissement. Cette prise en charge, indique-t-on aux Finances, «sera accordée à un taux très faible, ou peut-être même à 0 % ». Si cette proposition venait à être acceptée, alors le risque pour les banques, en matière de financement de la jeune entreprise, ne serait plus que de 5 %.
L’autre volet de l’auto-emploi concerne cette fois le micro-crédit. Les associations qui opèrent sur ce créneau devraient être confortées dans l’aide qu’elles apportent à la création de la micro-entreprise, en obtenant, croit-on savoir aux Finances, un renouvellement de l’exonération de TVA dont elles ont bénéficié depuis leur création – l’exonération, accordée pour cinq ans étant arrivée à échéance depuis mars/avril dernier pour l’ensemble des associations. «Nous avons en effet saisi le premier ministre de cette doléance et ce serait bien pour les petites gens concernées par le micro-crédit qu’elle soit acceptée», déclare un responsable d’une fondation de micro-crédit. Même si, au ministère des Finances, l’heure est surtout à la suppression des exonérations existantes, du moins celles qui ne se justifient plus, il semble bien qu’en matière d’encouragement à l’emploi, l’exception vaille le coup, en particulier dans ce domaine à forte teneur sociale qu’est le micro-crédit.
S’agissant de la réforme du marché de l’emploi, les idées développées à ce sujet portent notamment sur le point de savoir comment coordonner l’action de l’Anapec avec les entreprises d’intermédiation et éventuellement nouer un partenariat entre les deux parties. La CGEM, qui veut apporter sa contribution à cette problématique en soumettant à la primature ses suggestions dans ce sens, estime en outre que la dynamisation du marché de l’emploi passe aussi par l’adoption d’une loi réglementant l’exercice du droit de grève et l’amendement des dispositions du Code du travail, jugées inapplicables par les partenaires sociaux (comme la médecine du travail par exemple).

La loi formation-insertion sera réadaptée
Reste les mesures d’incitation à l’emploi et l’adéquation formation-emploi. Sur le premier point, le projet de défiscalisation du premier emploi, comme nous l’annoncions dans notre édition du 22 juillet dernier, paraît la principale mesure retenue. Il s’agit d’une proposition du patronat qui aurait reçu l’accord de principe du premier ministre. «La proposition consiste en effet à réadapter la loi formation insertion introduite par la loi 16-93», confie une source au ministère de l’Emploi.
Sur le second point, celui de l’adéquation formation-emploi, il s’agit rien moins que d’une réorientation globale du système d’enseignement, un chantier de longue durée mais tout à fait réalisable. La CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc) a d’ailleurs placé ce point en tête de ses suggestions. Il faut dire que le gouvernement est déjà très sensibilisé sur cette question puisque, dès son arrivée, Driss jettou avait annoncé que l’amélioration du système d’enseignement professionnel faisait partie de ses priorités. Aujourd’hui, son projet de former 400 000 jeunes à l’horizon 2007 avance bien et le dernier rapport sur le système éducatif au Maroc a relevé que la formation professionnelle est la branche qui se porte le mieux.