Diplôme exigé pour la vente de pesticides
A partir de février 2004, une bonne partie des 720 revendeurs de pesticides existants sera hors circuit.
La nouvelle loi régissant l’importation, la fabrication et la commercialisation des pesticides à usage agricole entrera en vigueur en février 2004. Désormais, cette activité ne pourra plus être exercée que par des personnes titulaires d’un diplôme y afférent. A défaut, l’entreprise ou le commerçant devra s’appuyer sur un salarié détenant les qualifications requises. Ainsi, un ingénieur chimiste est nécessaire pour diriger les entreprises faisant de la fabrication de produits. Pour l’importation et la distribution, il faudra détenir un diplôme marocain d’agronomie (ingénieur d’État et d’application) ou l’équivalent. Quant au commerce de détail, il requiert un diplôme d’ingénieur en agronomie, une licence ou une maîtrise en biologie ou d’autres diplômes de technicien dans les domaines sus-indiqués. Ces deux dernières catégories devront toutefois suivre une formation avant de pouvoir bénéficier d’un agrément.
Les distributeurs proposent la non-rétroactivité de la loi
Cette loi a le mérite de s’attaquer à la réorganisation d’un secteur livré depuis toujours à l’anarchie. N’importe qui peut s’improviser distributeur de pesticides alors que l’activité nécessite une maîtrise des propriétés des produits phytosanitaires et de leur utilisation ainsi qu’un minimum de connaissances scientifiques, de savoir-faire agricole et d’expérience dans le domaine, compte tenu des risques pour l’environnement et le consommateur.
Evidemment, le texte n’est pas du goût de tout le secteur qui compte 32 sociétés importatrices et 720 revendeurs. A en croire Aziz Matine, président de l’Association marocaine des distributeurs et revendeurs de produits phytosanitaires (AMDRP), son application aboutirait à la fermeture de 60 % des commerces. Parce que leurs propriétaires ne remplissent pas les conditions requises et que leurs moyens financiers (étroitesse des marges et du marché) ne leur permettent pas de recruter un profil adéquat. En l’absence de solution dans l’immédiat, le monde agricole aurait des difficultés d’approvisionnement et serait privé des conseils gratuits que lui prodiguent les distributeurs. Seule parade, selon ces derniers, «accepter de recruter un diplômé et augmenter les prix pour couvrir les charges supplémentaires». Inacceptable pour les agriculteurs. Du côté de l’Association marocaine des importateurs de produits phytosanitaires (AMIPHY), qui regroupe les importateurs principalement liés aux multinationales, on est du même avis. Afin d’assurer une transition en douceur, l’AMDRP, qui souligne que le secteur procure 5 000 emplois directs, propose d’appliquer la nouvelle loi aux nouveaux revendeurs et distributeurs installés depuis sa promulgation et de faire bénéficier les anciens, dont ce commerce est l’activité principale, de la non-rétroactivité de la loi.