Deuxième licence fixe : ce qui changera pour le consommateur

Baisse des prix, passage aux forfaits, abonnements multiples, très haut débit internet… Le paysage de la téléphonie fixe sera bouleversé.
Depuis vendredi 8 juillet, Medi Telecom est adjudicataire d’une des deux licences de téléphonie fixe qui consacreront l’ouverture du marché des télécoms à la concurrence. D’ici début août, un autre opérateur (Orsacom ou Maroc Connect) s’ajoutera à la liste. Il faudra attendre début 2006 pour que les premières offres de services des nouveaux entrants viennent concurrencer celle de Maroc Telecom. Qu’est-ce qui changera dans le paysage téléphonique ? «Oubliez ce que vous savez, nous a-t-on répondu à l’ANRT, il y a aura beaucoup de changements et c’est l’internet qui devrait en profiter». De fait, d’ici trois ans, toute la téléphonie fixe sera basée sur l’Internet Protocol (IP) et la voix ne devrait plus être alors qu’un accessoire.
Revue non exhaustive des changements à attendre.
L’ère des forfaits arrive : la facturation à la minute disparaîtra et les prix baisseront
Plus besoin de se casser la tête et déchiffrer votre facture détaillée pour savoir ce que vous avez consommé. Avec l’arrivée de la concurrence, vous allez acheter des forfaits incluant généralement voix et internet. Une baisse des prix est attendue à ce niveau. Selon un expert à l’ANRT, d’ici un an, déjà, une liaison ADSL avec un débit de 8 ou 10 Mo sera au même prix qu’une liaison 1 Mo d’aujourd’hui. De même, concernant la voix, les nouveaux opérateurs ayant la possibilité d’installer leur propre câble de liaison avec l’international (Méditel l’a déjà fait), les prix des appels vers l’étranger devront rapidement décroître.
Plus besoin de faire la queue
Vous n’êtes pas content du service de votre opérateur ? la concurrence existe. Délais d’intervention raccourcis, qualité de maintenance améliorée, transparence au niveau de la facturation, suivi de la consommation sur le Net, paiement sécurisé de vos factures d’eau et d’électricité, recharge de votre crédit… Avec la baisse des prix, l’offre sera relativement nivelée. La véritable bataille se jouera dans les services à valeur ajoutée et il y a aura un engagement sur le niveau de qualité/service
Des téléphones fixes et mobiles à la fois
Fini les fils qui se rompent ou qui s’emmêlent, les postes téléphoniques que l’on débranche et rebranche. Les licences fixes de nouvelle génération sont technologiquement neutres. Cela veut dire que les titulaires de la licence ne sont pas obligés d’investir dans un réseau câblé. La solution la plus probable car présentant le meilleur rapport qualité/prix est celle d’un réseau fonctionnant par transmission radio. En d’autres termes, votre téléphone sera connecté à l’antenne de l’opérateur installé dans l’immeuble ou le quartier, exactement comme pour un GSM et vous pouvez déplacer votre téléphone et avoir la ligne, mais dans un rayon limité. Une fois sorti de votre quartier, la connexion est impossible, mais pas plus, tandis qu’avec un réseau mobile du type GSM, dès que vous quittez le rayon d’action d’une antenne, une autre se charge de gérer l’appel de sorte que vous pouvez aller partout.
Abonné chez l’un pour l’interurbain et chez l’autre pour l’international L’existence de plus d’un opérateur ouvre la concurrence sur différents segments du fixe. De manière classique, les trois segments sont ceux des appels locaux (< 35 km), appels interurbains (> 35 km) et des appels internationaux, en plus de l’ensemble des trois segments. Cela veut dire que vous pouvez faire jouer la concurrence. En consultant le catalogue des prix ou forfaits, vous pourrez choisir l’un pour passer vos appels internationaux, car il est le moins cher, et l’autre pour les appels interurbains, car il est plus compétitif sur ce segment. En d’autres termes vous serez abonné chez plusieurs opérateurs à la fois.
Un seul poste téléphonique, deux ou trois abonnements
Il sera possible pour ceux qui sont abonnés chez plus d’un opérateur, d’avoir les deux (ou trois) lignes sur le même poste téléphonique. Techniquement, il suffira, à chaque fois, de composer le préfixe (exemple : 9) qui oriente l’appel vers le réseau de l’opérateur concerné. C’est ce que l’on appelle, dans le jargon de la téléphonie, la «présélection appel par appel». Cette présélection sera immédiatement disponible. Autre option, qui devrait intervenir ultérieurement, la présélection automatique. Exemple : je suis abonné chez X pour les appels interubains et chez Y pour les appels internationaux. Il suffira de composer le préfixe international (00) ou national (044, 037…) pour être automatiquement orienté vers le réseau de l’opérateur.
Internet avec un débit en centaines de mégas
Déjà avec les liaisons filaires actuelles, il est possible d’obtenir un débit allant jusqu’à 20 Mo. Mais avec l’arrivée de la liaison radio, qui fonctionne sur une fréquence de 3,5 Ghz et plus, il est possible d’emblée d’avoir du très haut débit qui peut facilement atteindre dans le cas d’une offre classique 10 Mo et même une centaine de Mo pour des offres spécifiques. Toutefois, il faut signaler que ce sera une ressource partagée. En d’autres termes, un débit de 10 Mo émis par une antenne donnée sera, comme pour le principe de la Wi-Fi, divisé par le nombre d’utilisateurs. C’est pourquoi, dans un immeuble, ou pour un groupe d’utilisateurs (entreprises par exemple), l’opérateur pourra installer une antenne spécifique pour permettre d’avoir du très haut débit réservé au seul usage du groupe en question.
Entreprises : des réseaux sécurisés à gestion externalisée
Les entreprises devraient tirer un grand profit de la libéralisation du fixe. Elles seront débarrassées progressivement du souci de gestion de leur réseau interne de télécoms. Concurrence aidant, on devrait voir fleurir des packages incluant la mise en place de réseaux sécurisés, leur gestion et leur maintenance. C’est particulièrement utile pour les sociétés multi-sites comme les banques, les grands groupes, la poste, les administrations ou tout simplement les entreprises qui disposent de plus d’un local. Bien entendu, l’enjeu majeur tourne autour de la transmission de données, mais il est certain que la communication entre sites différents transitera non plus par le réseau téléphonique normal, mais par internet. En effet, la législation ne l’interdit pas, tant que l’entreprise n’en fait pas le commerce et le réserve à un usage interne.