Deux mois de grèves à  la Conservation foncière et le mouvement continue

Les syndicats rejettent le projet de statut et accusent la direction de les avoir mis devant le fait accompli.

Rien ne va plus à la Conservation foncière (ANCFCC : Agence nationale de la Conservation foncière, du cadastre et de la cartographie). Depuis bientôt deux mois, la tension s’accentue et les grèves régulières se succèdent. Tantôt c’est un jour, tantôt deux…
En cause : le statut du personnel de l’agence. En effet, les trois syndicats représentés (UMT, CDT, UGTM) refusent le projet de statut tel qu’il a été négocié par la direction avec le ministère des Finances. Ils accusent la direction de les avoir mis devant le fait accompli en ne dévoilant le projet qu’une fois les négociations terminées. Ils mettent également en garde la direction contre «toute tentative de faire passer le texte dans sa version actuelle lors du prochain conseil d’administration de l’agence».

Le secteur immobilier risque de pâtir du différend
Pour maintenir la pression et pousser les autorités de tutelle à prendre en considération les amendements proposés à l’issue de l’AG du 16 avril, le mot d’ordre de grève lancé début mars est toujours maintenu.
A noter, parmi les amendements proposés, la possibilité pour les employés de la Conservation foncière de choisir entre le régime de la fonction publique et celui de l’agence; la revalorisation des salaires et des indemnités au profit des catégories lésées par les dispositions du statut ; la révision du tableau de correspondance des grades afin de parvenir à une conversion plus équitable entre les échelles et les échelons de la fonction publique et ceux de l’ANCFCC ; le droit pour les agents des administrations et établissements publics détachés à être intégrés à l’agence; la suppression des privilèges accordés aux contractuels, ainsi qu’aux agents en provenance d’autres branches du secteur public, etc.
La version de la direction est différente. Dans un communiqué à l’intention du personnel de l’agence, le DG, Taoufiq Cherkaoui, se félicite de l’aboutissement des négociations avec le ministère des Finances, ainsi que «des nombreux acquis dont bénéficieront les employés de l’agence en vertu de ce statut».
Direction-syndicats, des positions inconciliables
Les acquis auxquels il fait allusion sont notamment «la rétroactivité du statut à compter du 1er janvier 2003 ; la titularisation de l’ensemble du personnel temporaire ; un régime d’avancement interne permettant à un quota de 20% d’accéder, tous les trois ans, à une échelle supérieure ; une augmentation de la masse salariale de l’ordre de 60%, sans compter les primes annuelles, mensuelles et autres».
Mais là encore, les syndicats ne l’entendent pas de cette oreille. Ils estiment qu’il ne s’agit pas là d’acquis spécifiques à la Conservation foncière et que des avantages similaires existent dans les autres établissements publics. Quant au chiffre avancé de 60% d’augmentation de la masse salariale, il est vivement contesté. Selon Tafeh Benacher, SG du syndicat national de la Conservation foncière, «ce chiffre concerne non seulement les salaires bruts, mais englobe également les primes de déplacement, ainsi que les augmentations de salaires dans la fonction publique depuis le 1er janvier 2003».
C’est dire combien les points de vue sont éloignés et les positions des uns et des autres inconciliables !
Quoi qu’il en soit, ce nouvel épisode du feuilleton Conservation foncière est loin de son épilogue. La situation n’est pas prête de se débloquer et de nouveaux conflits sociaux pointent à l’horizon. Reste à en mesurer les conséquences à venir, tant sur le secteur de l’immobilier que sur l’économie en général.