Cosumar investira 1,6 milliard de DH pour moderniser son outil industriel

La filiale de l’Ona a bien obtenu le feu vert de l’Autorité de la concurrence pour l’achat de Sucrafor, Suta, Surac et Sunabel
Le programme d’investissement étalé sur cinq ans concerne essentiellement ces quatre entreprises.
Lacession par l’Etat de ses quatre sucreries, en l’occurrence Sucrafor, Suta, Surac et Sunabel, à la Cosumar n’a pas laissé indifférents les observateurs et autres opérateurs économiques intéressés par la filière. Et pour cause, beaucoup estiment que l’opération a abouti tout simplement à la création d’une situation monopolistique pour la filiale de l’Ona. Et ils n’ont pas tout à fait tort puisqu’il y a un seul producteur sur le marché.
L’acheteur était conscient de ce risque au moment de faire son offre. Le ministère chargé des Affaires économiques et générales précise en effet que Cosumar a bien saisi l’Autorité de la concurrence chargée de donner son aval pour une telle concentration économique. Une telle démarche la protège contre une éventuelle attaque en justice pour monopole que pourrait initier, par exemple, un investisseur étranger intéressé par ce secteur.
L’amont de la filière sera intégré grâce à des partenariats avec les agriculteurs.
Maintenant, son grand chantier est de se préparer à la libéralisation totale du secteur qui implique, bien évidemment, une concurrence accrue des produits étrangers. A ce titre, Cosumar a élaboré un programme de mise à niveau étalé sur cinq à six ans et prévu un budget d’investissement de 1,6 milliard de DH. Ce programme concerne d’abord la modernisation des quatre usines récemment acquises. Comprise entre 3 000 et 6 000 tonnes de sucre brut par jour, la capacité d’extraction des quatre sucreries devra atteindre 15 000 à 20 000 tonnes par jour. «Nous avons déjà une expérience notamment à Khemis Zemamra et Sidi Bennour, où l’on est passé de 6 000 à 15 000 t», indique Mohammed Fikrat, directeur général de Cosumar. De nouvelles technologies seront donc introduites afin d’optimiser les rendements de ces unités et surtout de réduire les coûts de production.
La mise à niveau industrielle ne se limite pas à l’augmentation de la capacité d’extraction, «elle concerne aussi l’intégration des sites de production, l’innovation en matière de conditionnement et la diversification de la production», explique M. Fikrat.
Outre l’aspect industriel, la mise à niveau intègre, en deuxième lieu, l’amont de la filière sucrière, notamment en vue d’une intégration du secteur. Pour ce faire, il sera instauré un système de partenariat entre les sites industriels et les agriculteurs de tous les périmètres de production. Mohammed Fikrat précise qu’une telle approche a permis d’améliorer le rendement et la qualité du produit dans les Doukkalas. Concrètement, un partenariat avec les autorités locales, les offices de mise en valeur agricole, le ministère de l’Agriculture, les associations de producteurs de plants sucriers et la sucrerie favorise l’encadrement technique, notamment au niveau de l’irrigation, du choix des semences, de la programmation des semis et de l’arrachage. «Tout le système est chapeauté par un comité technique, ce qui permet une planification cohérente de la production», détaille la Cosumar. Cette nouvelle stratégie est judicieuse parce que la production locale ne couvre que la moitié des besoins annuels du marché, le reste étant importé. Globalement, ces besoins se montent à 900 000 tonnes et augmentent d’environ 2,4 % par an. Même si le Marocain est un grand consommateur de sucre (32 kg par an) comparativement à ses voisins du Maghreb, notamment le Tunisien (29 kg) et l’Algérien (27 kg), les données actuelles du marché offrent une bonne marge de progression à la filiale de l’Ona.
La capacité de production des quatres sucreries atteindra 15 000 à 20 000 tonnes par jour.