Comment le foot sera érigé en filière économique
L’Etat veut en faire une activité économique à part entière, capable de générer des emplois.
Les recettes de sponsoring devront passer en cinq ans de 47 à 111 MDH. Les entreprises seront mises en compétition.
Serait-ce un prélude à l’émergence, tant attendue, du football national en tant qu’activité professionnelle organisée ? Les acteurs de cette discipline s’accordent à dire que les ingrédients sont aujourd’hui réunis pour ériger cette discipline en filière économique capable de générer des emplois et de créer de vrais métiers. Le contrat-programme signé, il y a quelques jours, entre l’Etat et la FRMF (Fédération royale marocaine de football) est, le moins que l’on puisse dire, ambitieux et, sur papier, les moyens de sa mise en œuvre sont bien visibles. Infrastructures, cadre juridique, sponsoring…. Tout est cadré.
L’argent étant le nerf de la guerre, l’essor du football passe par une amélioration des recettes. Elles devront plus que doubler en l’espace de six ans et passer de 64,5 MDH en 2004 à 154,8 millions en 2009, année présentée comme date butoir avant le passage définitif à un championnat professionnel, à compter de la saison 2009-2010.
La CGEM sera approchée pour contribuer au financement
Bien entendu et cela était prévisible comme pour toute mise à niveau, l’Etat est appelé à passer à la caisse. En plus de la dotation annuelle de 8 MDH du département des Sports, la subvention consentie au titre du contrat-programme atteindra 55 millions au cours de chacune des quatre premières années avant de chuter, la dernière année (2009), à 20 millions. En tout, et en comptant les dotations prévues en cas de qualification à la Coupe du monde 2006 et aux deux Coupes d’Afrique à venir (2006, 2008), l’Etat apportera une aide de 280 MDH sur cinq ans.
La baisse de l’aide au cours de la dernière année, explique-t-on auprès des responsables du dossier, tient compte de la montée en flèche programmée à cette date de la contribution du sponsoring. Les recettes dégagées par cette dernière devront atteindre 111,2 MDH contre seulement 47 millions en 2004.
Le grand point d’interrogation, celui qui conditionne la concrétisation de toutes les ambitions de ce programme, reste toutefois la capacité des responsables à convaincre les sponsors et à mobiliser autant d’argent. Le montage du contrat-programme, élaboré sur la base d’une adhésion des entreprises, risque de tomber à l’eau en cas de désaffection de ces dernières.
L’optimisme est toutefois affiché du côté du gouvernement. «Les sponsors doivent prendre le relais de l’impulsion donnée par l’Etat et la Fédération. Les niveaux de sponsoring programmés sont réalisables», explique un responsable du dossier. Les membres de la fédération comptent aussi mettre en compétition les sponsors potentiels «car les places sont limitées et chacun doit réserver son ticket. Les indécis en prendront pour leur hésitation». La qualification à la Coupe du monde devra également décider de l’essor de cette manne financière.
Pour mener à bien cette opération, «la fédération fera appel incessamment à un cabinet marketing pour élaborer la stratégie de commercialisation de l’équipe nationale et du championnat». La CGEM et ses membres seront approchés pour mettre la main à la poche et un road-show sera organisé à travers les différentes régions pour intéresser leurs acteurs économiques respectifs, qui devront prendre en charge les équipes.
Par ailleurs, les recettes des matchs devront marquer, à partir de 2007, date de finalisation des stades en cours de construction, une évolution notoire. Elles passeront, selon les prévisions, de 2,5 MDH, leur niveau projeté jusqu’en 2006, à 4 millions en 2008 et 2009.
Les clubs deviendront d’abord des sociétés anonymes à objet sportif
Outre le sponsoring, les clubs constituent la deuxième inconnue de l’équation. Le basculement vers un championnat professionnel passera inéluctablement par la clarification de deux points : la relation entre le club et le joueur et le statut du club lui-même. Ce qui est sûr, c’est que les quatre prochaines années seront une période transitoire, prélude à un championnat national pré-professionnel.
En attendant, les clubs migreront progressivement, chacun à son rythme, pour tenir compte des différences de moyens. D’ailleurs, leur passage au statut de société n’est pas une question définitivement tranchée. Une étude sera lancée incessamment et devra définir le cadre juridique le plus adéquat. Il n’en demeure pas moins que certaines tendances se dégagent déjà et l’option de statut intermédiaire de société anonyme à objet sportif est la plus probable.
Pour accompagner cette mise à niveau, les finances des équipes seront dopées. Pour la première fois dans l’histoire du football national, il y aura des primes programmées pour les championnats et les coupes. Une moyenne de 12 % des recettes de sponsoring engrangées par la fédération sera également remise aux clubs. Une réflexion est d’ailleurs menée pour déterminer les clés de répartition de cette dotation.
Par ailleurs, 18 centres de formation devront voir le jour d’ici 2009, pour un coût total de 42 millions de DH, au moment où des pelouses artificielles seront posées sur 16 terrains pour 64 millions de DH. En tout, le programme d’investissement étalé jusqu’en 2009 prévoit l’injection de 119 millions de DH. Dans tous les cas, on souhaite une bonne réussite à cette mise à niveau-là, les autres, tous secteurs confondus, n’ayant pas connu de résultats particulièrement heureux .