Chiffre d’affaires en hausse de 4% pour la Régie des tabacs
Les ventes ont chuté de 3% mais les hausses de prix ont compensé cette baisse.
Les hausses de prix successives des derniers semestres ont-elles fait fléchir la consommation du tabac au Maroc ? Difficile de se prononcer dans l’absolu car la tendance n’est peut-être pas en toile de fond et le volume de la contrebande n’est pas négligeable. Mais les résultats réalisés par la Régie des tabacs marocains (RTM), à fin 2005, laissent subodorer cette évolution. En effet, avec un volume de vente total de 6,9 milliards de cigarettes et tabacs hachés écoulés au cours du premier semestre de l’année, dont 6 milliards pour les marques de la régie et celles d’Altadis, le marché est en baisse de près de 3% par année glissante. Ce qui n’empêche pas les ventes, effet prix aidant, de s’inscrire à la hausse, en se plaçant à 1,12 milliard de DH (+4%).
Disposant encore du monopole de la distribution et des importations de tabac au Maroc jusqu’en janvier 2008, RTM continue à tirer profit de cette progression avec un CA total semestriel de 1,3 milliard de DH, dont près de 280 MDH proviennent de l’activité de distribution. L’excédent brut d’exploitation se redresse aussi, s’élevant à 720 MDH. Pour Altadis, le meilleur est à venir concernant sa filiale marocaine, après l’économie de plus de 100 MDH déjà réalisée grâce au plan social, au bout duquel le tiers de l’effectif (800 personnes) a été touché par des départs volontaires. Ainsi, près de 200 MDH et 280 MDH de synergies sont attendus respectivement pour fin 2005 et 2006.
Des Marquise fabriquées en Espagne
Un optimisme conforté par l’amélioration des parts de marché à la veille de la libéralisation : sur une part globale de 88%, 54% proviennent des blondes locales, qui connaissent une forte hausse grâce à la montée en régime de Fortuna et de Marquise qui accaparent, respectivement, dans leur segment, 6% et 73%.
Il faut souligner qu’outre le relifting des Marquise et la montée en qualité, opérée au début de l’été, l’année 2005 aura été marquée par deux faits. D’abord, une longue grève du personnel qui a contraint la filiale marocaine à faire fabriquer certains de ses produits en Espagne (y compris Marquise) et une stratégie de prix marquée par un rapprochement entre les deux marques Fortuna et Gauloises. Aujourd’hui le différentiel de prix est à peine de 2 DH alors qu’il en atteignait 5 il y a quelques mois. Tentative de booster les Gauloises qui n’ont pas eu le succès escompté ? Sans doute car, en même temps que le prix de ces dernières baissait, une pénurie de Fortuna était observée sur le marché. Une pénurie organisée, pourrait-on se hasarder à dire, puisque la marque était distribuée dans certains bureaux de tabacs, bien approvisionnés, et pas d’autres. Beaucoup de fumeurs ont alors dû se rabattre sur les Gauloises, ou encore acheter les petits paquets de Fortuna de 10 cigarettes, un produit ciblant les jeunes et qui semble avoir fait mouche.