Ce qu’ils pensent du travail accompli

Mohamed Fouzi Zemrani
Président de la Fédération nationale des agences de voyages «Le grand défi, celui de l’investissement»
La politique suivie aujourd’hui est le fruit d’une réflexion des professionnels du tourisme. La Vision 2010 a été concrétisée par un accord-cadre, signé entre la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc), la FNT (Fédération nationale du tourisme) et le gouvernement sous l’égide de Sa Majesté le Roi.
Depuis cette date , c’est un véritable tandem qui œuvre pour aboutir aux objectifs fixés par des concertations continues pour dépasser les obstacles et faire sauter les verrous.

L’administration du tourisme joue pleinement son rôle et les professionnels le leur et les exemples ne manquent pas pour démontrer cela. L’année 2005 a été une année exceptionnelle en matière d’arrivées, certaines destinations et notamment Marrakech commencent déjà à saturer à certaines périodes. Pour l’année en cours, on sent un tassement et c’est là que la promotion doit être encore plus agressive pour accompagner et maintenir les acquis. D’autres destinations concurrentes sont aujourd’hui plus présentes sur les marchés émetteurs. Le grand défi des deux prochaines années est bien celui de l’investissement. Les investisseurs privés ne sont pas très nombreux, et les rares groupes que nous avons au Maroc font au mieux de leur capacité. Le relais doit être pris par les banques et les compagnies d’assurances, qui ont des moyens d’investir plus conséquents dans ce secteur à forte valeur ajoutée, mais qui sont encore trop réservées.

Désormais, les priorités doivent être la promotion, la formation, la qualité et la vigilance. Ceci d’autant que depuis quelque temps, nous sommes de plus en plus interpelés par les dérives d’une certaine catégorie de touriste qui profitent de la pauvreté pour assouvir leurs penchants. Certes, aujourd’hui il ne représentent qu’une partie marginale de nos visiteurs, mais nous devons absolument bloquer et exclure ces personnes de notre paysage. Notre engagement doit être sur tous les fronts : culturel, social et civique.

Driss Faceh
Président du Conseil régional du tourisme (CRT) de Fès. «L’avancement des chantiers est inégal»
Quels que que soient les résultats escomptés pour 2010, la Vision a eu le mérite de mobiliser l’ensemble des partenaires privés et publics. L’objectif assigné, 10 millions de touristes, a permis à l’industrie touristique marocaine de connaître une forte croissance ces 4 dernières année, illustrée par l’accueil 6 millions de touristes en 2005.
Nous ne pouvons qu’applaudir la politique suivie par notre ministère via l’ONMT pour la promotion et surtout les contrats «co-marketings».

L’avancement des chantiers est inégal selon les régions. Pour le plan Azur, il n’y a que Saïdia qui prend son envol avec Fadesa, les autres stations accusant du retard.
Les P.D.R.T (Plans de développemement régionaux touristiques)se trouvent à différents stades d’avancement, celui de Fès et de Casa ont vu le jour, les autres régions suivent de près.
Si la capacité d’hébergement connaît une forte croissance ce n’est pas le cas de l’aérien, et notre salut passe par la densification de l’aérien pour arriver à 1 lit est égale à 1 siège d’avion.
D’autre part, il est plus qu’urgent de professionnaliser davantage l’ensemble des métiers liés au tourisme pour améliorer les services offerts aux clients.
Les clés de notre réussite passent par la formation, la densification de l’aérien, la promotion et l’animation.
Nous sommes dans la phase de décollage qui est la phase la plus délicate.

Jalil Benabbes Taarji
Président de la Fédération nationale du tourisme «Travailler sur le programme de la prochaine décennie»
Mon appréciation est très positive malgré des lenteurs et une timidité tactique ou politique sur certains arbitrages chaque fois que les pouvoirs publics se soucient de vouloir trop faire plaisir à tout le monde. Le défi est d’éviter que les succès récents ne détournent nos décideurs de l’importance de ce qui reste à faire, et de penser que l’affaire est gagnée !
Globalement, il revient au gouvernement d’inscrire dans ses priorités 2006 plusieurs chantiers législatifs (réglementations des agents de voyages, des guides et accompagnateurs…).
Quant au secteur privé, il devra mieux se structurer quitte à opérer quelques ruptures, et assumer les engagements essentiellement d’ordre qualitatif sur lesquels il est encore en retrait.

Notre fédération a proposé la promulgation d’un code du tourisme pour 2007, voire 2008, pour consolider tous les acquis.Il convient également de commencer à travailler sur le programme de la prochaine décennie, forts de l’expérience des 5 dernières années, sur le programme de la prochaine decennie.Tout ceci pourrait nécessiter une plus grande synergie entre les professionnels du secteur privé.
Au final, il faut permettre à ce grand vecteur de développement qu’est le tourisme, et qui commence à donner ses fruits, de s’épanouir durablement et profiter davantage encore aux citoyens aux entreprises et à la collectivité.

Kamal Bensouda
DG Atlas Hospitality hôtels & resorts « Développer les partenariats»
Le succès de la destination Maroc n’est pas un hasard, des leviers convergents consolident son positionnement sur les marchés émetteurs : le Royaume est crédité d’un niveau de confiance important de la part des opérateurs et des investisseurs, la Vision 2010 est opérationnelle, et, plus important, garde son cap malgré les vicissitudes de l’environnement international. Le budget de la promotion, de plus en plus important, mieux planifié et mieux exécuté sur les marchés. La tarification est adaptée aux besoins des consommateurs européens et la qualité de service qui tient bien la route, ce qui se traduit par une croissance régulière des arrivées et des nuitées. Le rythme de croisière est le résultat du travail mené de concert, et avec une grande professionalisation, par le secteur privé et public.

Les Assises internationales 2006 sont destinées à faire le point sur ce rythme ainsi que sur la façon avec laquelle on digère les différentes étapes de la Vision. L’édition de Tanger va aussi confirmer le succès de notre retour sur les marchés anglais et espagnol, le bon avancement du Plan Azur en général, malgré quelques retards sur Taghazout et El Jadida. Il ya aussi la volonté de placer au coeur de cette croissance les produits comme Fès, Ouarzazate et, bien entendu, Tanger pour compléter la gamme des produits culturels qui font la force de la destination Maroc sur les marchés.
Le tourisme est un secteur fragile, sensible et délicat, il faut en permanence en consolider les acquis, à un moment où la compétition ainsi que la concurrence internationale deviennent lourdes sur les marchés émetteurs.Il s’agit donc de cultiver la confiance et développer les partenariats.

Abdellatif Kabbaj
Président du CRT de Marrakech «Appuyer la formation»
Oui les résultats sont là palpables et concrets. Les capacités ont évolué depuis quatre ans dans la ville de Marrakech et sa région, et les projets prévus sur la période 2006/2010 sont nombreux, de qualité, et d’essence marocaine ou internationale. Nous disposons d’un parc hôtelier nouvelle génération et les anciennes unités ont profité du Renovotel pour leur rénovation. Ceci étant, il faut que l’action du gouvernement pour la promotion et le développement du secteur touristique soit accompagnée d’une politique intelligente au niveau de l’hôtellerie et de l’aérien, que ce soit dans les périodes normales ou difficiles.

Pour les professionnels du secteur du tourisme de la ville ocre , nous sommes dans la droite ligne de la Vision 2010, et nous continuerons à nous mobiliser pour alimenter ce succès : seule, en effet, une coopération agissante entre les élus et les professionnels permettrait aux Conseils régionaux du tourisme de concrétiser les objectifs arrêtés par le contrat programme 2010. C’est d’ailleurs dans cet esprit fédérateur des professionnels, des institutions et du corps des élus que les CRT ont été créés en tant qu’espaces de communication et du dialogue.

Les professionnels de l’hôtellerie (et tous les métiers du secteur du Tourisme) sont appelés à déployer davantage d’efforts pour être à la hauteur des attentes et des demandes des touristes qui sont de plus en plus exigeants. Il est donc impératif d’appuyer la formation continue et d’introduire des normes d’hygiène pointues dans tous les établissements et dans n’importe quel autre segment du produit touristique.