BAM suggère l’imposition de l’agriculture

L’institut d’émission réclame aussi plus de célérité à  la justice pour aider les banques à  récupérer leurs créances litigieuses

Les opérations de fusion sont souhaitées dans le secteur des assurances.

C’est de la routine pour certains. Mais la présentation du rapport de Bank Al Maghrib au Souverain est un rendez-vous incontournable de la vie économique du pays, ne serait-ce qu’en raison des avis qu’elle porte sur la gestion de l’économie. Pour Abdellatif Jouahri, qui a pris les rênes de la banque centrale il y a quelques mois, l’édition de cette année (14 juillet) fera date, tout simplement parce que c’était son baptême du feu dans un tel exercice.
Pour 2002, l’institution d’émission a relevé avec satisfaction que les atouts de l’économie marocaine résident «en particulier dans le plan de sauvegarde des équilibres interne et externe». Il est indiqué que le déficit budgétaire, même s’il a dépassé l’objectif de 3 % du PIB, a été contenu à 4,3 % et ce malgré la non-réalisation du programme de privatisation. Tout aussi important à noter, le déficit du Trésor a été financé par des ressources non monétaires grâce au recours au marché des adjudications dans des conditions favorables vu la sur-liquidité du marché interbancaire.

Dépendance des recettes non récurrentes
Quant à la masse monétaire, sa progression a été maintenue conformément aux prévisions, avec pour résultat la stabilité des prix et une réduction des taux d’intérêt. Enfin, le compte courant de la balance des paiements a dégagé une nouvelle fois un excédent, représentant 4,1% du PIB. Les réserves de changes ont atteint neuf mois d’importations de biens et de services grâce aux recettes élevées des transferts des RME et du tourisme.
Cependant, tout n’est pas rose et Bank Al Maghrib a mis le doigt sur les fragilités de l’économie marocaine.
Premier problème : la gestion des finances publiques encore liée à des recettes non récurrentes, et l’importance des dépenses courantes notamment la dette et le personnel. Dans ce cadre, M. Jouahri conseille «un élargissement de l’assiette de l’impôt et la contribution progressive de tous les secteurs d’activité». Le gouverneur se garde d’en citer un en particulier, mais l’allusion à l’agriculture, défiscalisée, est claire.

Inquiétudes sur l’équilibre des caisses de retraite
Les problèmes du secteur financier, notamment les difficultés des ex-organismes financiers spécialisés (OFS) à s’adapter à la libéralisation ne sont pas oubliés. Bank Al Maghrib souhaite «une plus grande célérité dans le dénouement des litiges» pour aider les banques à assainir leur portefeuille de créances et réduire davantage les taux d’intérêt débiteurs. Cette remontrance est adressée aux juridictions spécialisées qui mettent du temps à trancher. Pour les compagnies d’assurances, il est recommandé une plus grande concentration afin d’augmenter la compétitivité du secteur. Enfin, M. Jouahri avance que «l’équilibre des organismes de retraite et de prévoyance serait menacé si les mesures qui s’imposent tardaient à être mises en œuvre».
La mise à niveau des compagnies d’assurance et des caisses de prévoyance, avec la dynamisation du marché boursier, aiderait, selon le gouverneur, «à la transformation des ressources liquides en épargne longue pour une meilleure adéquation du financement et de l’investissement». Le mal est ancien et on devrait sortir des sentiers battus si on veut lui apporter des solutions