Crans Montana: Renforcer la filière agro-alimentaire pour assurer la sécurité alimentaire en Afrique

Au forum Crans Montana, une plénière a été consacrée au sujet de la sécurité alimentaire en Afrique. L’expérience marocaine a été présentée comme exemple.
Se poursuivant du 14 au 17 Mars à Dakhla, ce samedi 16, le Forum Crans Montana a mis l’accent sur un sujet préoccupant : la sécurité alimentaire en Afrique. Autour d’une table ronde, sous le thème de « l’agro-industrie, au cœur d’une croissance durable et solidaire », opérateurs de l’agro-industrie, banquiers, diplomates, chercheurs mais aussi des responsables politiques ont été présents pour échanger au sujet de cette urgence qui guette le continent africain.
Des indicateurs, aux allures de signaux d’alarme, ont été présentés au public présent. A titre d’exemple : dans 30 ans, l’Afrique aura à nourrir le double de sa population actuelle, au regard de la croissance démographique que connait le continent. « Alors que le continent africain pourrait nourrir le monde entier, il continue d’importer plus de 35 milliards de dollars de produits alimentaires nets par an. Ce qui représente un déficit commercial de 23 milliards de dollars », a souligné Mohammed Sadiki, secrétaire général du ministère de l’agriculture, qui a modéré le débat.
Autre indicateur mis en exergue par le modérateur de la table ronde : alors que l’agriculture emploi entre 60% à 80% de la population africaine, sa part dans le PIB varie à peine entre 20% à 30%”. Un constat qui renseigne sur le faible taux d’intégration du secteur. En effet, le taux de transformation locale des produits agricoles ne dépasse pas les 17%.
L’expérience marocaine comme exemple
Des expériences en matière de développement et de la valorisation de la filière ont été présentés, et ce à travers la transformation des produits agricoles. « La conclusion, c’est que nous ne pouvons pas développer une industrie agricole forte et durable si nous n’arrivons pas à organiser les chaines de valeur de l’amont à l’aval », nous a déclaré le secrétaire général au ministère de l’agriculture.
Car, pour satisfaire le changement des habitudes de consommation, notamment en Afrique, il est nécessaire de renforcer l’industrie agro-alimentaire.
Selon notre source, « l’expérience marocaine en la matière est très concluante, puisque nous avons développé des assises juridiques pour permettre cette organisation de l’intégration de la chaîne de valeur à travers la loi 12-03, qui organise les interprofessionnels agricoles ».
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Pour illustrer ses propos, le secrétaire général a donné pour exemple les filières du sucre, des agrumes et du lait, qui, selon lui, sont « totalement intégrés ». Il nous a également cité les cultures de céréale qui manquent d’intégration et qui ont en effet “besoin de plus d’efforts”.
Pour atteindre une totale intégration, le secrétaire général du ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime, Mohamed Seddiki a évoqué la mise en place de l’agrégation. Cette dernière consiste à mettre en place la contractualisation entre les grandes entreprises et les petits agriculteurs. « Cette mesure permet aux grands agro-industriels d’assurer les entrées des matières premières d’une part, et aux petits agriculteurs d’écouler leur production, d’autre part ». Une mesure qui « marche bien dans certaines filières, comme celle du lait ».