Agriculture : les semences certifiées de plus en plus prisées

Le volume de semences certifiées de céréales commercialisé a progressé de 70% entre 2008 et 2010. L’objectif est de produire localement la totalité des besoins en semences certifiées de blé et d’orge en 2020.
Le secteur de la semence certifiée et notamment dans les céréales connaît une progression tout à fait exceptionnelle depuis 2008 et les chiffres en attestent. En deux années, la quantité commercialisée est passée de 650 000 quintaux à 1,1 million, soit une hausse de 70%. Pour Mohamed Sabik, directeur technique de la Société nationale de commercialisation des semences (Sonacos), cela a été le résultat de plusieurs facteurs qui vont de la subvention à la sensibilisation et le tout «coiffé» par un renforcement du circuit de commercialisation (500 points de vente contre 400 auparavant). Il faut savoir que le palier de la subvention, pour le blé tendre par exemple, est passé de 115 DH à 130 DH le quintal pour atteindre 150 DH en 2010. Et l’Etat va certainement la porter à 160 DH pour la prochaine campagne.
Mais dans tout cela il fallait d’abord assurer la disponibilité des semences elles-mêmes. Et là aussi, la Sonacos a dû anticiper sur la demande puisqu’il a fallu convaincre les semenciers multiplicateurs d’augmenter leurs surfaces qui n’étaient que de 35 000 ha en 2008 à 51 000 ha en 2010. Et ce n’est pas fini, car le programme prévisionnel (établi toujours au moins une année à l’avance) pour l’année 2011 porte la surface réservée à la multiplication des semences certifiées à 58 700 ha d’opérateurs agréés par la Sonacos auxquels s’ajoutent 4 000 ha exploités par des agriculteurs non conventionnés. Au total, si les conditions climatiques restent favorables, les quantités de semences certifiées disponibles pour la campagne prochaine totaliseront 1,4 million de quintaux.
Pour la FAO, le taux d’utilisation des semences certifiées doit atteindre 30% au Maroc
Si beaucoup de chemin reste encore à faire, la situation au Maroc n’est pas du tout alarmante. Pour le Fonds des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), le Maroc devrait utiliser des semences certifiées sur au moins 30% de l’ensemble des terres réservées aux céréales. Selon la Confédération marocaine de l’agriculture et de développement rural (Comader), la moyenne est de l’ordre de 11%, du moins jusqu’en 2008. Mais cela n’est pas du tout décourageant car le Maroc est mieux loti que d’autres pays de la région. Et puis le Maroc exporte son savoir-faire en Afrique et l’a fait récemment en Egypte sur le plan technique où il a également apporté le conseil sur le plan juridique. A la Comader, on confie volontiers qu’au Portugal, pourtant appuyé par les subventions de l’UE, ce même taux atteint à peine 25%.
Il faut savoir aussi que les producteurs d’orge (près de deux millions d’hectares sur les 5 millions précités) n’investissent presque pas dans les semences certifiées.
La semence est importante, mais respect de l’itinéraire technique est essentiel pour atteindre des rendements élevés
Au total, on peut estimer que le taux d’utilisation des semences certifiées est de 22 à 30% de la superficie consacrée au blé tendre et de 16% pour le blé dur, contre 18,5% en 2008 pour toute la céréaliculture.
Ce secteur a de beaux jours devant lui puisque le Plan Maroc vert prévoit de porter l’utilisation de la semence certifiée à hauteur de 45% (2,8 Mq) à l’horizon 2020 pour la céréaliculture (1,4 Mq pour le blé tendre, 0,9 Mq pour le blé dur et 0,5 Mq pour l’orge). Pour ces trois cultures, l’objectif est de couvrir l’intégralité des besoins par la production locale, contre 30% pour le maïs dont le taux d’utilisation prévue en semences certifiées est de 30% ou 40 000 q.
Pour les légumineuses alimentaires et les fourrages, l’objectif est d’atteindre un taux d’utilisation de 10 et 31% sur des volumes cibles de 38 000 et 60 000 q, dont 50 et 30% produits localement. La barre est également placée très haut pour la betterave à sucre et la canne à sucre, le tournesol, le riz et le colza, cultures pour lesquelles la totalité des superficies devrait être couverte en semences certifiées. Pour ces quatre filières, la production locale en semences certifiées devrait couvrir respectivement 100%, 60%, 20% et 100% des besoins qui seront de 520 000, 11 200, 24 000 et 3 000 q, toujours en 2020.
En ce qui concerne la pomme de terre, la production de semences certifiées devrait atteindre 80 000 tonnes, soit 66% des besoins.
Malgré tout, les spécialistes de l’agriculture insistent sur un élément: la semence assure à 50% une bonne qualité et une importante amélioration de la productivité, mais sans le travail de la terre et des traitements appropriés, elle ne fait pas de miracle.