Le documentaire s’impose au Festival du film de Tanger
Entre les 19 longs métrages c’est «Fragments» de Hakim Belabbes qui a remporté le Grand prix. Dans la catégorie des courts métrages, la palme est revenue à «Courte vie» d’Adil Fadili.
C’est Fragments, le film documentaire du réalisateur Hakim Belabbes qui a remporté le Grand prix de la XIIe édition du Festival national du film de Tanger (FNFT) qui s’est tenue du 21 au 29 janvier. Cette consécration n’est pas seulement celle d’un réalisateur talentueux qui se confirme au fil d’une œuvre cinématographique très saluée au plan national et international (son film Pourquoi la mer?, a notamment remporté en décembre 2006 le “Muhr” de Bronze au Festival international du film de Dubaï). Mais elle est aussi une reconnaissance du film documentaire encore boudé par le Festival international du film de Marrakech mais qui sera à l’honneur à la prochaine édition du Festival méditerranéen de Tétouan en mars prochain. Le réalisateur lui-même, né en 1961 à Bejaâd, où son père était propriétaire d’une salle de cinéma, et installé depuis 1988 aux Etats-Unis, n’a jamais compris l’exclusion de ce genre filmique puisque, considère-t-il, dans le cinéma le fictif et le réel sont intimement imbriqués. Photographe à l’origine, il estime que l’image compte bien plus que la manière dont on la capte. Et il a toujours refusé d’être catalogué dans un genre de cinéma plutôt que dans un autre. Dans cette édition du festival de Tanger, il l’a revendiqué sans ambages : «je suis un réalisateur ‘‘bouhali’’ (naïf ). Ce film m’a demandé 25 ans de travail, il est venu d’une manière spontanée, et il m’arrivait de filmer des scènes comme si j’étais en train de m’amuser», avait déclaré sans fioriture avant même que le jury, présidé cette année par Ahmed Ghazali, président de la HACA, ne rende son verdict. Il a comparé la manière dont il a travaillé ce film à celle de Mi Hniya, la faiseuse de soupe (harira) dans sa ville natale Bejaâd. Comme elle, lui aussi dans ce film n’avait fourni aucun effort, et à chaque fois, comme elle, il ajoutait au fil de son travail «un peu de sel et un peu de poivre» pour mijoter son film documentaire. Et sa «soupe» à lui pour confectionner Fragments a été de l’avis de tous les cinéphiles tellement délicieuse qu’elle a séduit le jury pour lui attribuer le Grand prix. Fragments d’images de la vie personnelle et familiale du réalisateur, de ses sentiments, de la vie et de la mort, de l’échec et de la réussite, de l’errance, de la dignité.
Pour le court-métrage, c’est Courte vie d’Adil Fadili (16 mn), qui a séduit le jury présidé par le réalisateur Mohamed Mouftakir, ce même court qui a remporté en octobre 2010 dans la même ville le Grand prix du Festival du court-métrage méditerranéen. Le réalisateur du feuilleton télévisuel «La Brigade» entre donc de plain-pied dans le monde du cinéma, et cette première œuvre n’a pas déçu. Humour, virulence et malédiction sont réunis dans l’histoire de Zhar, un enfant qui perd sa mère au moment où elle lui donne naissance. Sa courte vie sera par la suite un enchaînement de malheurs qui s’abattent sur lui sans discontinuer.