Le nouveau citoyen

Si l’on réduisait les manifestations du 20 février aux actes de vandalisme perpétrés par une frange d’asociaux, on passerait à côté de leur enseignement essentiel: l’avènement d’un nouveau citoyen. Scrutons-le, ce nouveau citoyen. Sans doute ne croit-il plus aux projets politiques qui prétendent tout investir. Il se méfie des programmes totalitaires, il les soupçonne vite d’agiter des mots. Il ne s’intéresse guère aux longues prévisions : le bonheur, au bout de longues convulsions, très peu pour lui. Ce citoyen est-il rétif à la politique, ce dont il lui est fait souvent grief ? On peut penser, au contraire, que le citoyen marocain d’aujourd’hui pose au politique, parce qu’il attend beaucoup de lui, de nouvelles et sévères exigences. La principale exigence pourrait être une revendication morale. L’homme politique ne devrait être ni corrompu ni malhonnête; il devrait ne pas soumettre l’intérêt général à ses intérêts particuliers. Il devrait encore ne pas feindre, ne pas ruser. Devant son écran de télévision ou d’ordinateur, le citoyen nouveau est devenu capable de déceler, derrière les mots et les mimiques, la vacuité, le mensonge, ou l’astuce. Cette exigence morale, il est probable qu’elle réclame, aujourd’hui, la compétence. Longtemps, la politique fut indifférente à celle-ci. La chose publique n’était ni si spécialisée ni si compliquée que l’habileté et le verbe n’y puissent suffire. Le reste était l’affaire des administrations. Pour chacun ou presque, la compétence est, aujourd’hui, devenue une exigence. En somme, la politique est désormais attendue comme une véritable école d’intelligence, de compétence et de dévouement. A bon entendeur…