Télétravail : Avis de Jerôme Mouthon, Fondateur de Buzzeff.TV

Le télétravail fait partie de la culture d’entreprise et s’est imposé naturellement comme mode d’organisation du travail en raison de la nature de nos activités. En effet, compte tenu du fait que nous œuvrons dans l’univers digital, les activités internet requièrent une gestion 24/7 et conséquemment une organisation du travail différente de l’économie réelle. En outre, en tant qu’entreprise étendue entre Casablanca et Dubaï, le décalage horaire de 4h en été nous oblige à nous ajuster avec des horaires d’activité en dehors des créneaux habituels, ce qui amène les équipes à travailler en mode nomade.

Ceci dit, les télétravailleurs bénéficient des mêmes droits légaux que les locaux. Nous ne faisons pas de différence mais nous apportons toutefois des ajustements négociés avec les équipes concernées en l’absence d’une législation en la matière. Parmi les dispositions d’ajustement, le repos compensatoire, les rémunérations majorées ou sous forme d’indemnités ainsi que la prise en charge des frais liés au travail distant tels les coûts télécoms, le matériel informatique portable et les logiciels afférents…

La question pour nous n’est pas d’être pour ou contre car lorsqu’on fait du business on se pose plutôt les questions d’efficacité et non les questions de position ou de principe. Donc, la flexibilité dans l’organisation du travail généralement s’impose à l’entreprise et tient compte de la nature de l’activité, du secteur, de la géographie, des ressources…, le tout étant de construire la façon optimum de mieux servir les clients. Il faut toutefois noter que la flexibilité telle que le télétravail, lorsqu’elle n’est pas organisée peut s’avérer contre-productive et produire les effets inverses que ceux escomptés.

J’ajouterais également que les avantages sont naturellement une continuité de service aux clients, plus d’efficacité et donc de compétitivité business. Il y a également une certaine forme d’avantage pour les collaborateurs travaillant en mode nomade ou distant à disposer de plus de liberté de mouvement comparativement à la contrainte bureau. Enfin, le télétravail promeut l’usage des technologies de communication, favorise l’efficacité, la culture du résultat et l’organisation en mode projet, de même qu’il permet le développement de l’autonomie et du sens de la responsabilité.

Parmi les inconvénients, je citerais le faible attachement à la culture d’entreprise, l’esprit d’équipe limité et le risque de désordre lorsque l’activité distante n’est pas encadrée ou supervisée. Il arrive que certains collaborateurs confondent flexibilité et désorganisation.

Sur un plan plus macro que celui de l’entreprise, l’un des avantages observés dans des pays qui adoptent davantage le télétravail concerne les impacts écologiques car les personnels se déplacent moins, le trafic est plus fluide et la pollution réduite lorsque des pans entiers de travailleurs optent pour l’organisation distante, en plus de la notion de bien-être des travailleurs comme cela est mesuré au Canada ou au Danemark.

Bien évidemment, il existe un risque modéré sur la culture d’entreprise. Celle-ci ne repose pas uniquement sur les interactions in-situ des membres d’une organisation. La culture d’entreprise se nourrit de multiples dispositions et la contribution interactive réelle des équipes en est un aspect seulement. Les journaux internes, les séminaires, les projets communs, la communication avec l’écosystème… sont autant de leviers qui rendent l’organisation de travail distante non comme une menace sur la culture de l’entreprise, mais plutôt une source d’enrichissement et de diversification du mode managérial.

Enfin, toutes les activités peuvent être travaillées à distance. C’est une question d’impératif business et de volonté de la direction d’entreprise. Il est vrai que les activités en ligne se prêtent plus facilement à une configuration de travail distant. Il en est de même pour les activités de développement IT où l’on a vu l’offshoring croître rapidement durant cette dernière décennie. Cela étant dit, sur une activité industrielle traditionnelle, un commercial itinérant va de facto se trouver en mode nomade sans que cela ne fasse partie de la culture d’entreprise ou ne l’affecte n